Sourire en coin, Damien Robitaille présente son troisième album, Omniprésent, sur lequel il s'approprie des éléments de musiques latines. Un terrain de jeu tout indiqué pour ce gentleman séducteur, mais surtout rieur.

Il aime en jeter, Damien Robitaille. Tenez, en début de semaine, il a passé toute une journée à rouler en limousine blanche, une guitare et une bouteille de champagne à portée de main. Le costume pâle, le chapeau blanc, le gros char avec chauffeur, tout n'était qu'une mise en scène. Il a l'esprit joueur et pas seulement en spectacle.

Le seul accent de vérité dans cette situation loufoque est apparu quand il a choisi la musique d'ambiance: un disque du salsero Willie Colon. Il a écouté beaucoup de musique latine en écrivant les chansons qui se retrouvent aujourd'hui sur Omniprésent (en magasin mardi). Et ça s'entend.

«J'aime m'inspirer de ces musiques exotiques. Ce sont des sons et des couleurs qu'on n'entend pas souvent dans les chansons d'ici», estime Damien Robitaille. Mais il y a plus: les rythmes latins ont été une véritable planche de salut pour ce crooner «sympa sympathique» qu'on a entendu flirter avec le country et la soul.

Durant tout l'été 2011, il a animé sur Espace Musique une émission hebdomadaire consacrée aux musiques populaires des années 30 à 50, du jazz à la chanson française. «Après ça, j'ai frappé un mur, avoue-t-il. Je ne savais plus où aller. Et là, j'ai découvert les musiques latines. Le mur a éclaté.»

Ce qu'il en reste sur Omniprésent? Des rythmes dansants, des mélodies suaves, un parfum de soleil et une moiteur certaine (Ta maman m'amadoue). Des fausses pistes aussi: son Mambo métissé n'en est pas un, mais parle vraiment de métissage, un thème qui lui permet d'aborder la notion d'identité (très présente chez lui) sous un nouvel angle.

«J'ai beaucoup voyagé dernièrement. J'ai aussi rencontré beaucoup d'immigrants à Montréal: des Africains et amis latinos-américains. J'ai vu combien c'est difficile de s'intégrer, dit-il. Je me sens en lien avec ces gens-là, même si mon expérience est différente.»

Son désir d'explorer le vaste terroir musical latino-américain ne découle toutefois pas seulement d'un intérêt strictement musicologique. «Ma copine est colombienne, dit-il. Me rapprocher de cette musique-là, c'est aussi une manière de me rapprocher d'elle et de sa culture.»

C'est sans doute la raison pour laquelle Omniprésent, principalement enregistré à Miami, mise autant sur des arrangements empreints de sensualité. «Je ne veux pas faire de la musique latine. Je veux juste m'en inspirer», précise-t-il. Son album ne se limite pas à ces frontières musicales, en effet: Sors de mon corps flirte avec le reggae léger, alors que des chansons comme Nos traces dans le sable et Dame nature transportent des effluves rappelant Burt Bacharach.

Damien Robitaille ne se refait pas. Fort heureusement. Le parfum de nostalgie qu'on sent ici et là n'assombrit nullement cette humeur joueuse qui le distingue d'une vaste majorité de chanteurs. Il s'amuse et amuse notamment avec une déclaration d'amour vitaminée à un «coeur ethnique» (Exotique!) et une chanson folk loufoque où il clame que l'amour «sait satisfaire, quand il vient d'une volontaire» (Belle bénévole)

«J'aime que ça bouge et j'aime plaire», reconnaît le chanteur. Or, il veut aussi émouvoir, affirmer la sincérité derrière ses morceaux les plus intimes. «Mon défi, juge-t-il, c'est de trouver une façon de chanter mes ballades sans avoir de sourire en coin.»

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Damien Robitaille. Omniprésent. Audiogram/Sélect.

Dans le sud avec Damien

Miami ou Bogota?

Je ne suis jamais allé à Bogota, alors je vais dire Bogota, ça va faire plus exotique. En même temps, à Miami, il y a la plage...

La plus belle plage?

Dans le parc Tayrona, en Colombie. Mais pour se baigner, c'est la baie Georgienne: l'eau est claire et douce. Il y a de belles plages à Miami, mais jamais aussi belle que chez nous...

Bikini ou monokini?

Bikini, sans hésitation. Il laisse place à l'imagination. Il faut faire travailler ça, cette tête-là!

Salsa ou bossa nova?

Salsa. Ça bouge plus et ça a plus de couilles! Ça a un côté plus méchant, plus rock.