Les internautes se déchaînaient vendredi sur Twitter et YouTube contre Madonna, conspuée pour la brièveté de son concert la veille à l'Olympia à Paris, où, quittant la scène sans un au revoir, la reine de la pop, a déçu ses 2700 fans, d'abord enthousiastes.

«Madonna traitée de salope et huée à Paris», «Seulement 45 minutes de concert et 200 euros le billet!», «Vu son aptitude à plumer les pigeons, Madonna est beaucoup plus qualifiée que Barclays pour reprendre le volailler Doux», déclaraient quelques uns de ces «gazouillis», le dernier en référence au géant français de la volaille en difficulté.

«249 euros/45 mn, 5,53 euros la minute de Madonna en live à l'Olympia», pouvait-on encore lire, nombre de twittos mentionnant un hashtag baptisé «Madonnarnaque».

«Quand je pense qu'ils y en a qui ont campé une semaine», déploraient des fans sur d'autres mini-messages sans qu'on sache si leurs auteurs étaient ou non au concert, auquel a assisté l'AFP et pendant lequel le public, survolté, n'a cessé d'ovationner la star.

Sur Youtube, des vidéos montraient des personnes restées sur place après la fin, lançant des insultes, puis «remboursez!» ou «shame on you!». L'une d'elle est intitulée «Suicide of Madonna@Olympia».

Lorsqu'elle a quitté la scène - au bout d'un peu plus de 45 minutes - après sa dernière chanson Je t'aime moi non plus de Serge Gainsbourg, les fans ont d'abord applaudi à tout rompre.

Puis, voyant que Madonna ne revenait pas et la lumière se rallumer pour que les techniciens démontent les équipements, beaucoup sont restés interdits, d'autres, se sont mis à protester en criant «remboursez!».

De 90 à 276 euros la place

Les 2700 élus qui ont pu assister au concert ont dépensé des fortunes (de 90 à près de 276 euros la place) pour arracher en quelques minutes les billets mis en vente sur internet: 2000 réservées aux membres du fan club et 700 autres proposés à tous. Des personnes voulant être éligibles en priorité ont affirmé s'être vu retirer plusieurs fois 22 euros pour tenter de s'y inscrire au fan club, en vain.

Interrogés par l'AFP, Rémy et Tony, deux trentenaires d'Angers et de Nantes, ont déploré une «prestation vraiment trop courte», dont ils ont reconnu pourtant la qualité.

«Même pas dix chansons, pas merci, pas au revoir. Nous sommes venus de Montpellier et avons payé 180 euros les billets c'est vraiment raide», regrettaient des Montpelliérins.

Val, «du site de fans MadonnaFrance.com», se disait «dégoûtée» tandis que d'autres ne boudaient pas leur plaisir, parlant d'un «bref show mais exceptionnel», celui d'une «diva de la pop, la meilleure».

Les forces de l'ordre interrogées par l'AFP n'ont déploré aucun incident.

Interrogés eux aussi vendredi sur ce déferlement de colère et d'insultes contre Madonna, ni Live Nation, son producteur, ni l'Olympia n'avait réagi à la mi-journée.

Madonna, attendue par les spectateurs dès 21h, n'a débuté son concert exceptionnel dans la salle mythique du music-hall parisien que vers 22h45 jeudi soir, sous les applaudissements.

Chauffés à blanc par la chaleur extérieure dans laquelle ils avaient patienté des heures voire des jours, les fans ont été remerciés par la «madone» qui a salué «particulièrement ceux d'entre (eux) qui ont dormi dans la rue».

Dans un discours qui a ponctué une prestation originale, trépidante et conçue comme un hommage à la culture française et à une France tolérante, la star a répondu artistiquement au Front National (FN).

Le FN a porté plainte contre Madonna pour «injure» après un clip vidéo projeté le 14 juillet au Stade de France, où elle donnait un concert dans le cadre de sa tournée mondiale MDNA, montrant brièvement Mme Le Pen affublée d'une croix gammée sur le front.