La star trash de la pop, Lady Gaga, a renoncé à se produire en Indonésie, le pays musulman le plus peuplé de la planète, après la «menace» créée par des opposants islamistes qui avaient promis de semer le «chaos» si le concert avait eu lieu.

À l'issue de plusieurs journées de difficiles négociations pour tenter d'obtenir les autorisations nécessaires, les organisateurs ont finalement jeté l'éponge.

«Le spectacle de Lady Gaga doit malheureusement être annulé», a déclaré dimanche Michael Rusli, président de la société Big Daddy, qui organisait l'événement.

«Les raisons sont complexes», a expliqué l'avocat de Big Daddy, Minola Sebayang, invoquant sans plus de précisions des «menaces» pesant sur le concert. «Il ne s'agit pas seulement de la sécurité de Lady Gaga, mais également de celle des spectateurs», a ajouté l'avocat.

Le Front des défenseurs de l'islam (FPI), bien connu pour ses raids souvent violents contre les bars et les salons de massage, avait promis «le chaos» si la star trash de la pop se produisait à Jakarta. Le FPI avait assuré être en mesure de réunir «30.000» manifestants afin d'empêcher Lady Gaga, militante des droits des homosexuels, de «répandre sa foi satanique».

Le FPI, qui revendique sept millions d'adeptes, s'était également procuré des billets afin de pouvoir entrer dans le stade où devait se produire la star, d'après la presse locale.

«La haine n'a rien de pieux», avait écrit, peu avant l'annonce de l'annulation, Lady Gaga sur son compte Twitter. La star y est suivie par 25 millions d'adeptes dans le monde, un record pour ce réseau social à travers lequel des milliers de fans ulcérés laissaient éclater leur colère.

«En pétard. Les flics, des tocards», a ainsi écrit Aida Minati sur son compte @aidayes.

«Je déteste le FPI», renchérissait Agus Murdadi, 17 ans. «Je vais la tweeter pour lui dire qu'elle devrait venir. La police peut s'en charger, du FPI», déclarait-il à l'AFP.

La police indonésienne avait assuré la semaine dernière qu'elle n'accorderait pas d'autorisation au spectacle prévu le 3 juin, dont les 50.000 places se sont vendues en deux semaines environ.

De longues négociations avaient suivi afin de tenter de trouver un compromis, les organisateurs affirmant que Lady Gaga était prête à atténuer les côtés les plus provocants de son spectacle. Mais l'impresario de la star avait refusé de cautionner une version édulcorée du concert.

Dimanche, le président de Big Daddy a toutefois assuré que les difficultés en vue d'obtenir une autorisation n'étaient pas la raison de l'annulation. «Il ne s'agit pas du permis... L'annulation est vraiment due à des préoccupations de sécurité», a-t-il expliqué.

Dans un entretien avec l'AFP, le président du FPI de Jakarta, Habib Salim Alatas, a salué une «bonne nouvelle» pour les 240 millions d'Indonésiens.

«Les Indonésiens vont être protégés du pêché apporté par ce monstre destructeur de la morale», a-t-il déclaré.

Le ministre des Affaires religieuses, Suryadharma Ali, connu pour ses positions conservatrices, s'est également félicité de l'annulation. «Ce qu'il faut aux Indonésiens, ce sont des spectacles et de l'art chargés de valeurs morales», a-t-il dit à la presse.

Le Conseil des oulémas, plus haute instance religieuse en Indonésie, avait lui aussi demandé l'interdiction du concert, disant ne pouvoir «tolérer les tenues et les performances sexy» de Lady Gaga.

La tournée mondiale de la star, entamée le 27 avril à Séoul, a suscité plusieurs mouvements de protestation en Asie, en particulier aux Philippines, pays très catholique.