Dans une création axée sur la féminitude où, pour la première fois, la musique sera livrée soir après soir par un orchestre entièrement féminin, le Cirque du Soleil a confié la composition de ladite musique à... Bob&Bill.

«Pour Amaluna, la commande était de sortir un peu du cycle world», explique Bob. Ou est-ce Bill? Comme leur nom l'indique - et contrairement, parc exemple, au trio français Twin Twin -, Bob&Bill forment un vrai duo dont les membres, à la ville, répondent au nom de Guy Dubuc et de Marc Lessard. On leur doit la musique du jeu Splinter Cell (Ubisoft) et celle de Totem de Robert Lepage. Ce duo de 15 ans d'âge a réalisé le CD Bahiatronica de Monica Freire et le remix Pink Floyd Redux. Au Cirque, ils ont travaillé à la bande sonore de Kooza et dirigé l'orchestre lors de ce fameux Soleil de minuit du 25e Festival de jazz (2004) qui soulignait aussi le 20e anniversaire du Cirque. Bob&Bill, à ne pas confondre avec Bob&Pine, d'une autre époque...

Et Bill (c'est peut-être Bob) de continuer: «Guy (Laliberté, le «guide») voulait un son plus raw, pour surprendre, pas nécessairement plus rock mais on se retrouve quand même avec deux guitares...»

Et une section rythmique lourde avec une batteuse ET une percussionniste, Mireille Marchal, une des premières Québécoises à pratiquer les percussions «à mains» sans être passée par le drum. «En tant qu'ancienne gymnaste, j'apprécie l'engagement physique», nous dira Mireille Marchal qui a déjà joué dans un band entièrement féminin (dans Les SouveReines, un spectacle d'Hélène Pedneault). «Je ne peux pas dire que j'ai senti un aspect féminin dans la trame d'Amaluna: c'est bien musclé et certains spectateurs seront surpris par l'énergie de cette bande de nanas.»

Jusqu'à l'été, le band sera dirigé par le pianiste Sébastien Laurendeau, qui remplace Janine DeLorenzo, blessée. Outre Marchal, le band compte Rachael Wood et Angie Swan à la guitare, Teresa Morini à la basse, Nellyris «Didi» Negron à la batterie (voir YouTube!) et la violoncelliste Julie McInnes qui incarne aussi Prospera, la mère, personnage central d'Amaluna.

Les musiciennes, nous dit-on, seront «très visibles» et certaines pourront se déplacer sur la piste. Les habitués du Cirque n'en seront pas pour autant dépaysés. La chanteuse Jenifer Aubry, même si «elle ouvre en masse» comme disent Bob&Bill, s'inscrit parfaitement dans la tradition vocale du chapiteau bleu et blanc. Comme celles qui l'ont précédée, la Québécoise chante dans ce «langage inventé» qui ne connaît pas la différence entre Moi et l'Autre. Voix cosmique, puissante... et sans accent.