Sa voix a porté un peu plus haut un peu plus loin les grandes chansons de Burt Bacharach et Hal David dans les années 60. Vingt ans plus tard, elle a écrit une page d'histoire avec la chanson That's What Friends Are For qui a joué un rôle-clé dans la lutte contre le sida. Dionne Warwick repasse par Montréal alors qu'elle célèbre ses 50 ans de carrière.

Cousine de la soprano Leontyne Price et de Whitney Houston - et nièce de sa mère Cissy -, Dionne Warwick avait peut-être un bagage génétique qui la prédisposait à faire carrière dans la chanson. Pourtant, c'est presque par accident qu'elle a connu la fabuleuse carrière dont elle célèbre aujourd'hui le cinquantenaire.

Au début des années 60, la jeune Dionne était choriste sur un enregistrement des Drifters quand un compositeur prometteur du nom de Burt Bacharach l'a repérée. Il lui a aussitôt proposé d'enregistrer des maquettes de quelques-unes des chansons qu'il venait d'écrire avec le parolier Hal David. À l'écoute des maquettes, la présidente de Scepter Records, Florence Greenberg, a tout de suite voulu rencontrer la chanteuse. Peu de temps après, Scepter Records lançait Don't Make Me Over, le premier d'une longue série de succès de Dionne Warwick signés Bacharach/David dont Do You Know the Way To San Jose, Walk On By, Anyone Who Had a Heart, Message To Michael et I'll Never Fall In Love Again.

«Ce fut un conte de fées, une relation merveilleuse avec deux des artistes les plus créatifs de notre époque. Ils écrivaient des chansons pour moi qui ont laissé une marque indélébile dans nos vies», a-t-elle raconté au téléphone quelques heures avant de participer, à Los Angeles, à un hommage à Hal David qui célébrait son 90e anniversaire de naissance.

En 1963, Dionne Warwick chantait à l'Olympia de Paris en lever de rideau de la légendaire Marlene Dietrich. Au même moment, en Angleterre, des producteurs de disques un peu chauvins préféraient faire enregistrer ses chansons par des chanteuses britanniques.

Aujourd'hui, à presque 71 ans - le 12 décembre -, elle est flattée que d'autres artistes reprennent les chansons qu'elle a popularisées: «C'est probablement l'un des plus beaux compliments qu'un artiste puisse me faire. Pas seulement Diana Krall (Walk On By), mais aussi Luther Vandross que j'aime vraiment beaucoup. Je trouve qu'ils ont du goût.»

Sida et amitié

Au milieu des années 80, Dionne Warwick était du collectif de We Are The World et elle a participé au mégaconcert Live Aid. Toujours en 1985, elle a rassemblé ses amis Stevie Wonder, Gladys Knight et Elton John pour enregistrer la célèbre That's What Friends Are For qui a permis d'amasser des millions pour la recherche sur le sida tout en contribuant à faire parler davantage de cette maladie qui était un immense tabou à l'époque.

«Nous en avions assez de perdre des êtres chers fauchés par le sida, notamment dans la communauté artistique, explique-t-elle. Mais à l'époque, la plupart des gens qui s'impliquaient dans la lutte contre le sida ne voulaient pas qu'on le sache. Or tout le monde pouvait contribuer de façon anonyme en achetant le disque. Puis, petit à petit, cette chanson a été associée à l'amitié, ce qui m'a beaucoup fait plaisir. On l'entend partout: dans les bals de fins d'études, les mariages, les baptêmes... Mais chaque fois qu'on achète le disque, l'argent va toujours à l'organisme AmfAR (l'Association américaine pour la recherche sur le sida).»

Ce que l'on sait moins, c'est que cette chanson de Burt Bacharach et Carole Bayer Sager existait bien avant que Dionne Warwick et ses trois amis ne se l'approprient. «Rod Stewart la chantait dans le film Nighshift, en 1982. J'ai vu ce film par hasard et quand j'ai suggéré à Burt et Carole d'enregistrer leur chanson, ils étaient très surpris que je l'aie entendue. «Nous sommes maintenant quatre à la connaître: Carole, moi, Rod et maintenant toi», m'a dit Burt. Comme tous ceux qui me connaissent, Burt savait l'importance que j'accorde à l'amitié. Je lui ai donc dit que je voulais la chanter avec des amis et, bien sûr, the rest is history.»

À Montréal, vendredi, Dionne Warwick interprétera avec ses six musiciens des chansons que les gens ont aimées au fil de ses 50 ans de carrière ainsi que quelques extraits de son plus récent album Only Trust Your Heart, dans lequel elle reprend des chansons de Sammy Cahn et Jack Wolf.

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Dionne Warwick, à la salle Wilfrid-Pelletier, le 2 décembre.

En première partie, le trio Oliver Jones et Ranee Lee.