Corneille fera son grand retour dans le paysage musical francophone avec un nouvel album entièrement en français, qui sortira fin octobre dans l'Hexagone, mais pas au Québec. Une décision difficile que le chanteur a été forcé de prendre en raison de ses démêlés judiciaires avec son ancienne maison de disques.

«À défaut de pouvoir dire "voici une date de sortie", j'ai vraiment envie que le public québécois sache que, si le disque n'est pas offert ici, c'est pour des raisons qui ne m'appartiennent pas, et que je ferai tout pour résoudre la situation. J'en profite pour utiliser les médias québécois pour le faire, afin que mes fans d'ici soient au même rythme que mes fans européens. Ça me tient vraiment à coeur!», explique Corneille en entrevue avec La Presse.

Bref retour sur les faits: en 2010, Corneille a jugé que sa maison de disques québécoise, DEJA Musique, avait failli à sa tâche de promouvoir son premier album en anglais, The Birth of Cornelius, et qu'en conséquence, il n'existait plus de lien de confiance entre les deux parties depuis 2008.

Une accusation à laquelle la maison de disques a répondu par une demande d'injonction visant à interdire à Corneille de sortir un nouvel album au Canada de manière directe ou indirecte. La Cour supérieure a jugé en avril 2010 que Corneille pouvait continuer à gagner sa vie ailleurs dans le monde, privant néanmoins le chanteur de son public québécois.

Corneille jouera tout de même son premier extrait, Le jour après la fin du monde, pour la toute première fois aujourd'hui au Québec, à l'occasion du lancement de la programmation de Rythme FM. On devrait entendre le titre très prochainement sur les ondes radio.

«J'espère que l'autre partie va être ouverte à une entente. Je pense que ça peut se faire. À ce moment-là, ça peut bouger très vite, car mon disque est prêt. Je suis encore plus ouvert d'esprit que par le passé et je veux vraiment sortir cet album au Québec. Autrement, il y aura toujours la possibilité de faire des concerts et, grâce à l'outil informatique aujourd'hui, le vidéoclip sorti en France est aussi en quelque sorte sorti ici par l'intermédiaire de YouTube», précise-t-il.

Pas de doute, donc: malgré les rumeurs, Corneille ne boude pas son public québécois et ne désire pas non plus s'exiler en France.

«Jusqu'au mois de juin dernier, j'ai toujours vécu à Montréal tout en étant présent en France dans les médias. Ça va être la première fois que je vais vivre en France avec ma petite famille; on va prendre un pied-à-terre là-bas tout en en gardant un ici. Je travaille beaucoup là-bas et on voulait avoir un chez-nous. Mais j'ai une grande partie de mes racines ici. Ma belle-mère est québécoise, alors je n'ai pas le choix!», s'amuse-t-il.

«Ça reste aussi mon pays d'accueil. Quant à la France, elle m'a donné une carrière, car ça a été mon premier public. Alors c'est important d'être capable de vivre entre les deux», précise-t-il.

Nouvelle vie, nouvel album

Le cinquième album de Corneille reflète une nouvelle étape dans la vie du chanteur, celle de la paternité.

« e l'ai écrit et composé avec une nouvelle façon de voir les choses et de comprendre le monde, qui m'est venue avec la naissance de mon fils, Merrick. J'ai eu une inspiration spontanée de chansons et j'avais envie de les faire en français. J'ai aussi fait cet album dans l'esprit de retrouver mon public francophone», précise Corneille.

Le nouvel opus a également été créé sous le signe de la collaboration. On y retrouvera en effet les rappeurs français La Fouine et Soprano, ainsi qu'un des mentors de Corneille, Lokua Kanza. «Je me suis fait plaisir et je me suis surtout ouvert. L'album a été remastérisé à Paris; c'est une première aussi, car je le fais toujours faire à New York», explique le chanteur.

«C'est une version 2011 de Parce qu'on vient de loin. C'est très rythmé; encore une fois, je reviens à mes inspirations de l'époque où j'étais adolescent et que j'écoutais du R&B et du hip-hop américain. Il y a aussi dans cet album une présence de piano traité de manière très actuelle, un peu de guitare et plus de beat avec une batterie toujours très hip-hop. Il y a également un souci de respecter la langue française tout en écrivant des chansons populaires», conclut-il.