Plus de gens ont acheté de la musique sur l'internet au Québec en 2010, mais pas assez pour compenser la chute des ventes d'albums, si bien que les ventes totales de musique tous supports confondus ont fondu de 6 % par rapport à 2009, révèlent les chiffres rendus publics hier par l'Observatoire de la culture du Québec.

Les ventes d'albums et de chansons offertes à la pièce en format numérique au Québec ont fait un bond d'environ 40 % de 2009 à 2010. Plus de 959 100 albums et 9,2 millions de titres ont été achetés sur l'internet en format numérique. Mais si l'on considère que 13 chansons équivalent à un album, cela n'amortit pas la chute de 8,3% du nombre d'albums vendus en format physique.

«La baisse du CD n'est pas compensée par la hausse du numérique, indique Claude Fortier, chargé de projet à l'Observatoire de la culture. En 2008, il y avait eu une chute importante. Cela s'était stabilisé en 2009, mais la chute se poursuit en 2010.»

En 2009, 48 % de la musique achetée au Québec était celle d'artistes québécois. Pour les huit premiers mois de 2010, c'était seulement 41 %. Est-ce que moins d'albums québécois sont sortis en 2010? L'Observatoire de la culture du Québec veut attendre avant de rendre ses conclusions. «Aujourd'hui, on met juste des données sur notre site web. C'est en juin qu'on va publier une analyse complète et détaillée», précise Claude Fortier.

L'ADISQ (Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo) n'était pas en mesure de commenter, hier.

Offre de titres moindre

Hier, La Presse a indiqué que les ventes avaient chuté seulement de 2,4 % aux États-Unis, alors qu'elles étaient stables au Royaume-Uni, notamment en raison des ventes numériques, à la fois d'albums et de singles. Au Québec, une proportion beaucoup plus faible d'albums sont achetés sur l'internet (960 000 contre 8 178 900 albums physiques), soit à peine 10 %, alors que le pourcentage est de 25 % aux États-Unis.

Selon Martin Tétu, chargé de projet de l'Observatoire de la culture et auteur d'une étude sur le téléchargement pair-à-pair au Québec, c'est aussi une question de disponibilité des titres québécois, notamment ceux du vieux catalogue. La discographie des Colocs a été mise en vente tout juste avant la sortie du film Dédé à travers les brumes, alors que des internautes cherchaient des albums sur le web depuis longtemps, souligne-t-il à titre d'exemple.

«Il y a un intérêt pour le contenu québécois, mais il y a tout un pan de la musique québécoise qui n'est pas disponible en ligne (en vente légale)», explique-t-il.

Le président de l'Union des artistes (UDA), Raymond Legault, affirme aussi que «nous sommes en retard sur la disponibilité des titres, ce qui ne favorise pas une augmentation aussi rapide» du téléchargement légal. Mais il se désole de voir que certaines gens achètent une chanson plutôt qu'un album en ligne. «C'est moins d'argent dans les poches des artistes.»