Jason Bonham n'a jamais autant tripé que quand il a pris la place de son défunt père derrière la batterie de Led Zeppelin, le 10 décembre 2007, au O2 Arena de Londres. Il n'a toujours pas renoncé à une éventuelle tournée avec Page, Plant et Jones, mais en attendant, il jouera du Led Zeppelin avec son propre groupe demain au Métropolis.

Led Zeppelin ne s'est jamais reformé, sauf pour un anniversaire ou des concerts bénéfices, parce que dans l'esprit de Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones, le groupe ne saurait exister sans John Bonham, mort en 1980. Trente ans plus tard, c'est son fils Jason qui a décidé de célébrer la vie et la musique de son père et du célèbre groupe en partant en tournée avec le Jason Bonham's Led-Zeppelin Experience.

Ce spectacle n'est pas celui d'un simple groupe hommage. Bonham fils y a intégré des films d'archives du groupe et de sa famille et il raconte la vie de son père entre les chansons. On lui a déjà reproché d'exploiter la mémoire de son père, mais il s'en fout pas mal depuis que Robert Plant, le plus récalcitrant des ex-Zep, lui a donné sa bénédiction.

«Robert a dit que personne ne jouait de la batterie comme moi, mentionne Bonham au bout du fil quelques heures avant un concert à Milwaukee. Il m'a donné sa bénédiction pour jouer du Led Zeppelin à condition que je le fasse avec le sourire. Je suis très à l'aise dans le spectacle actuel: j'ai 44 ans, j'ai fait mes devoirs et je joue mieux que jamais.»

Bonham fils a recruté quatre musiciens: le guitariste Tony Catania qu'il connaît depuis une vingtaine d'années, le bassiste Michael Devin que lui a présenté sa soeur, le claviériste et guitariste Stephen LeBlanc, que connaissait Devin, et James Dylan, un chanteur au crâne rasé qui n'a rien d'un sosie de Plant, mais qui chante pas mal comme lui. Dylan animait son propre site web, Virtual Zeppelin, auquel des musiciens fournissaient leurs pistes sur lesquelles il superposait sa voix.

«Il fallait que sa voix ait une certaine ressemblance avec celle de Robert, mais son look n'a jamais été important, explique Bonham. Je ne voulais pas que les gars leur ressemblent ou qu'ils s'habillent comme eux, mais qu'ils puissent jouer leur musique.»

Spectacle émotif

Cette tournée nord-américaine vient à peine de commencer, mais il ne se passe pas une soirée sans que Jason Bonham ait la gorge nouée et verse quelques larmes. «Chaque soir, le public embarque à 100 % à compter de la toute première chanson. Il y a de l'émotion dans l'air, les gens pleurent et ils comprennent combien papa était important pour moi. Des pères ont même dit qu'ils espéraient qu'un jour leurs fils soient aussi fiers d'eux.»

En plus des standards, l'Experience joue des choses que Led Zeppelin n'a jamais jouées en public comme I'm Gonna Crawl, l'une des préférées de Jason avec No Quarter, Rain Song et Kashmir. Il joue même en duo avec papa, sur film, pendant When the Levee Breaks et Moby Dick, son fameux solo de drum. Quand John Bonham apparaît pour la première fois sur l'écran au-dessus de Jason, les fans crient Bonzo!

Led Zeppelin reformé?

Jason Bonham n'a pas pour autant perdu espoir que Led Zeppelin se reforme un jour. Mais il affirme que ça ne tient pas uniquement au refus de Robert Plant de s'embarquer dans une telle aventure. «La situation est beaucoup plus complexe que ça, vous n'avez pas idée. Il faut s'asseoir et trouver une solution», se borne-t-il à dire. Au début de 2008, il a même répété pendant une vingtaine de jours avec Page et Jones, une aventure qui n'a pas eu de suite: «On voulait faire un nouvel album. Ça n'aurait pas été Led Zeppelin, mais un nouveau groupe avec un autre chanteur qu'on n'avait pas encore été choisi.»

Jason a souvent entendu des collègues batteurs lui dire combien son père les avait influencés. «Les gars de Guns N' Roses m'ont même dit qu'ils s'inspiraient des livres sur Led Zeppelin pour les guider dans leur grabuge, raconte-t-il. Ils se disaient: que ferait John Bonham à notre place? Il lancerait un téléviseur par la fenêtre!»

Pour Jason, son père a été beaucoup plus qu'un batteur musclé. «Il avait une touche vraiment délicate, dit-il. J'ai mis plusieurs années à me rendre compte, en regardant des films, qu'il plaçait le bout de ses bâtons au milieu de la main plutôt qu'appuyé dans la paume comme la plupart des batteurs. C'est presque impossible de jouer de façon aussi heavy en tenant ses bâtons de cette façon. Tout est dans les poignets.»

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Jason Bonham's Led-Zeppelin Experience, au Métropolis, demain.