Phil Collins? On l'avait presque oublié. Si l'on excepte la tournée avec Genesis en 2007, l'auteur de In the Air Tonight s'est fait plutôt discret dans la dernière décennie, faisant surtout parler de lui pour ses problèmes de santé.

Il y a huit ans que le chanteur n'avait pas lancé d'album solo. Mais il vient de rompre le silence avec Going Back, exclusivement consacré à des reprises de vieux succès Motown. Depuis que Rod Stewart a fait sauter la banque avec ses versions de standards de jazz, ce genre d'exercice semble à la mode chez les vedettes pop. Mais Collins, hier à Montréal dans le cadre d'une tournée de promotion intensive, se défend d'avoir bêtement suivi la tendance.

«Pure coïncidence, dit-il, les traits tirés, devant une tablée de journalistes. J'ai simplement fait le disque que je rêvais de faire depuis des années. Je sentais que je devais le faire. Disons que je me suis payé un trip égoïste. C'est comme si j'avais acheté un vieux tableau pour le mettre dans ma chambre.»

On est évidemment loin d'un rock progressif à la Genesis. Mais avec Going Back, le chanteur voulait rendre hommage aux artistes de soul et de rhythm'n'blues noirs qui l'ont marqué à l'adolescence.

Le résultat est on ne peut plus rigoureux. Ses reprises de Heatwave, Papa Was a Rolling Stone et autres Standing in the Shadows of Love ont été calquées à la virgule près sur les versions originales. Collins a même poussé la réplique jusqu'à embaucher les derniers survivants des Funk Brothers, ancien groupe maison de l'étiquette Motown.

«Je ne voulais pas faire un nouveau disque, je voulais faire un vieux disque», répond le chanteur, questionné sur le but de l'exercice. «Et il fallait le faire de la bonne façon, sinon on aurait eu l'air d'un groupe de karaoké.»

Fatigué?

Étonnant, tout de même. Pour un artiste qui n'avait rien sorti depuis 2002, on aurait pu s'attendre à un Phil Collins régénéré, débordant de nouvelles idées. C'est tout le contraire. Miné par des problèmes de santé, le chanteur semble surtout fatigué.

«Je ne suis plus l'homme que j'étais», dit-il, en faisant allusion à ses problèmes de surdité et, surtout, cette perte de sensation aux doigts de la main gauche, apparue au cours de la dernière tournée avec Genesis. Sur Going Back, il a dû effectuer ses pistes de batterie en s'attachant les baguettes aux mains avec du ruban adhésif.

Le chanteur se dit résolu à ne plus faire de spectacle. Fini pour lui les chambres d'hôtel et les horaires de fous. Il préfère de loin passer du temps avec ses deux fils de 5 et 9 ans. Si l'inspiration le prend, il continuera toutefois à enregistrer ses compositions. «Pour le moment, je n'ai que quelques chansons misérables!» dit-il, dans un accès d'autodérision.

Son projet de livre semble l'inspirer beaucoup plus. Le chanteur de 59 ans prépare un catalogue raisonné sur son immense collection d'objets historiques rescapés de la bataille de Fort Alamo (1836). Fasciné par l'épisode de la révolution texane, il affirme posséder des tonnes de vieux documents, d'armes à feu et même des dents «de chevaux et d'humains».

Le sujet le passionne depuis l'enfance. Et cette passion ne s'est jamais démentie. Comme pour les chansons de Motown...