Pour la première fois à Montréal, Birdy Nam Nam se produit. Pour le MEG Montréal qui se déploie du 29 juillet au 1er août (de concert avec le festival Osheaga), il s'agit certes d'une des meilleures prises.

Ainsi Crazy B., Little Mike, DJ Need et DJ Pone traversent l'Atlantique avec pour seules munitions leurs platines Technics qu'ils  comptent cajoler avec leur huit mains de virtuoses. Issus de Scratch Action Hero, collectif se consacrant au turntablism, les quatre DJ de Birdy Nam Nam ont été plusieurs fois champions de France, d'Europe, et champions du monde par équipe lors des fameuses compétitions DMC DJ et International Turntablism Federation.

Performances de pass it on ou se scratch à l'horizon, auxquelles on injecte désormais de fortes doses technoïdes et multiples ponctions dans le hip hop, jazz, rock, soul et autres funk.

En 2005, le premier album de Birdy Nam Nam (sans titre) avait révélé le groupe bien au-delà des capacités techniques de ses protagonistes. Réalisé en 2009 par Justice et DJ Yuksek, Manual For A Successful Rioting a mené le quatuor à remporter l'hiver dernier une Victoire de la Musique dans la catégorie Musiques Électroniques. Les concurrents étaient de taille, pourtant : Air, Wax Tailor et le célébrissime David Guetta, rien de moins.

Joint jeudi à Montpellier, DJ Need refait pour nous la trajectoire de Birdy Nam Nam.

«Nous avons un parcours assez atypique, nous ne sommes pas des musiciens de formation. Nous utilisions la platine, l'élément central de notre musique au moment du premier album. C'était donc la platine et un logiciel multipiste. Nous venons du milieu hip hop, dont les DJ ont une approche plus technique dans l'utilisation des tables tournantes. Au début, on évoluait dans ce milieu de la compétition pour DJ, c'était notre seul moyen d'expression. Une fois par an on allait faire le DMC et l'ITF, les principales compétitions pour les meilleurs DJ.

«Avec le temps? Dépenser énormément d'énergie pour une routine de six minutes avec pas grand-chose à l'arrivée. Toutefois, on enregistrait nos idées en se disant qu'on les reprendrait pour un album. En 2002, nous avons remporté le championnat DMC en équipe, pour finalement nous arrêter de courir après ce genre de titre. Nous nous sommes enfermés dans l'appartement de Crazy B et sa collection de près de 10 000 disques. Nous avons fait ça en autarcie, tels des DJ issus du scratch avec pour références peu d'albums de DJ de même acabit - Q-Bert, notamment. Avec les platines seulement, il y avait peu de précédents; ce premier album a donc été un genre de laboratoire avec les sons qu'on pouvait trouver dans nos collections. Dans ce premier album, il y a cette espèce de collage, ça part un peu dans tous les sens, c'était une expérimentation.

«Quand on a commencé à jouer cet album sur scène, cette information musicale venant de quatre mecs DJ sur scène a plu au public. Nous avons eu la chance de faire beaucoup de dates. Sur scène, nous avons interprété nos morceaux de manière plus énergique. On a fini par choisir  entre une approche expérimentale, artistique et l'élaboration de concerts plus divertissants. Au terme d'un cycle de près de 200 dates, nous avions ce bagage.

«Assez naturellement, la musique a pris un virage plus électronique pour l'album suivant. Finalement, les morceaux se sont avérés un peu moins expérimentaux, un peu moins libres que ne l'était dans le premier album. Un peu plus convenus dans la structure-même des morceaux. Pour nous c'était une suite logique venue spontanément.

«Depuis lors, nous avons tourné deux ans avec le nouveau répertoire, même si l'album est sorti en janvier 2009. On a pas mal retravaillé les musiques sur scène. Cette année, nous tournons moins, car nous sommes en train de créer notre troisième album. Quelques dates à l'étranger, une trentaine de concerts dans l'année. Jusqu'à maintenant, le buzz a bien pris en France, ce qui se passe autour de Birdy Nam Nam s'est surtout passé en concert. Mais l'album ne s'est pas très bien exporté. Pour l'instant, on a marqué les gens surtout avec les concerts. Si on a un savoir-faire aujourd'hui, c'est de construire notre propos sur scène. Nous avons appris à saisir les gens. Maintenant, nous avons encore beaucoup à prouver en studio.»

Le prochain album de Birdy sortira l'an prochain, au printemps ou à l'automne 2011. Birdy Nam Nam ne compte pas se limiter à un style précis.

«On ne se pose pas vraiment de questions sur les genres à adopter, les collages et les sons émergent au fur et à mesure qu'on travaille en studio. Un nouveau son peut faire partir un morceau dans telle ou telle direction, mais nous essayons de rester libres au moment de la composition. Nous avons des cultures musicales assez vastes, même si nous étions hip hop au départ. Nous sommes des fans de musique, nous écoutons plein de choses.»

En France, Birdy Nam Nam peut compter sur une grosse machine de scène:

«Beaucoup de temps et d'énergie sont consacrés à la qualité du spectacle. Nous voulons produire un spectacle de qualité à tous les niveaux, nous ne jouons jamais les versions studio de nos morceaux, nous essayons d'avoir un son spécifique pour la scène - en travaillant toujours avec Seb, notre sonorisateur. C'est pareil pour Max, qui se consacre au visuel. Nous avons toujours évolué à ce titre, nous avons essayé plein de choses; écran translucide de tulle avec projections, caméras qui captent nos mouvements en temps réel,  technologie Led,  graphisme spécialement conçu pour nous, etc.  Écrans devant nous, derrière nous, qui donnent parfois l'impression qu'on est dans l'écran. Ce qui est assez lourd, d'ailleurs. En Franc, on tourne avec un autobus, un camion poids lourd. Entre 12 et 15 personnes sur la route.

À Montréal, donc?

«On s'amène déjà! Nous quatre plus le sonorisateur. Nous n'avons pas encore les budgets pour s'exporter à l'étranger avec tout notre matériel. Sur l'international, nous formons un groupe en développement. Ainsi, nous revenons trois ou quatre ans en arrière par rapport à la position que nous pouvions avoir en France. C'est motivant.»

__________________________________________________________________________

Dans le cadre du festival MEG Montréal, Birdie Nam Nam se produit vendredi, 22 h, au Club Soda.