Le trio montréalais Plants and Animals a un nouvel album dans les cartons. La La Land marque un virage pour le groupe, qui se déleste de ses arrangements touffus pour une approche plus directe, un rock à l'humour marqué, inspiré du vieux Neil Young électrique et des Talking Heads.

«En fait, il s'agit de notre troisième album», corrige le guitariste, chanteur et multi-instrumentiste Nicolas Basque au cours de notre entretien. Ah bon? Il y en a eu un autre avant l'excellent Parc Avenue, paru en 2008? «Ouaip. Notre tout premier, éponyme. C'était complètement expérimental. Cinq chansons seulement, mais de longues chansons, qui allaient dans tous les sens. Parfois, il me prend de le réécouter - je crois que c'est encore pas pire...»

 

Lancé à la création du groupe en 2005, le premier album contient cinq compositions, fourre-tout de rock, de jazz, de musique instrumentale, reflet des intérêts de ces trois étudiants en composition électro-acoustique à l'Université Concordia qui voulaient s'amuser tout en apprenant et en jouant un peu partout dans les petites salles de la ville.

La même chose pourrait aussi s'appliquer à Parc Avenue, l'album qui nous a permis de découvrir Plants and Animals, il y a deux ans. «Sur Parc Avenue, on ne savait pas toujours ce qu'on faisait, alors on «coloriait» les chansons après les avoir enregistrées». Coloriage, le mot est simpliste: Parc Avenue foisonnait de bonnes idées sur le plan des arrangements, éclatés et étincelants, faits par trois types qui avaient visiblement une expérience en la matière.

Sur La La Land, le trio, pourvu d'un fiable instinct comme il l'a démontré sur le précédent disque, ne tâte plus à gauche et à droite pour trouver sa direction. «C'est en donnant des concerts qu'on s'est découverts, ajoute Basque. On a trouvé une espèce d'énergie qu'on n'arrivait pas auparavant à transposer sur disque - surtout que sur scène, vient un moment où les chansons acoustiques, t'as envie de les jouer électriques. C'est notre enthousiasme pour les guitares électriques qui a dirigé l'écriture et l'enregistrement de La La Land.»

Les fans reconnaîtront peut-être mal le groupe sur ce nouveau disque, mais ils ne perdent rien au change. Les arrangements fous ont été gommés? Les compositions vont droit au but. Rangées, les guitares acoustiques: les guitares électriques prennent toute la place. Un grand ménage du printemps! «On reviendra peut-être aux couleurs qu'avaient les chansons de Parc Avenue, mais puisqu'en concert, ces chansons avaient fini par prendre un ton plus brut... Le but, c'était de travailler au niveau des sonorités (de nos instruments) au lieu de rajouter du crémage sur le gâteau.»

La La Land, suite logique et pleinement assumée pour ces musiciens (Warren Spicer, chanteur principal, guitariste, Matthew Woodley, batteur) qui ont carburé aux Tonight's The Night de Neil Young, Exile on Main Street des Stones, aux disques des Talking Heads («On cherchait cette dynamique pour la chanson The Mama Papa, la dernière qu'on a enregistrée», précise Basque) et de Bowie. Le lustre seventies, il vient de là.

Enfin, il y a un humour, suggéré sur Parc Avenue, revendiqué sur La La Land, avec ces titres débiles comme la très neilyoungesque Tom Cruz, American Idol, Undone Melody ou Future From the '80s.

«Prends la chanson Jeans Jeans Jeans: on cherchait un titre, quelqu'un est arrivé avec ça, on trouvait ça drôle, Warren a modifié le texte pour que ça marche. Il voulait quelque chose de léger, même plus superficiel que sur Parc Avenue. American Idol, même chose, on cherchait un titre drôle, sans que ce soit trop cheezy comme du Ween... Avoir un sens de l'humour, mais être sérieux dans notre démarche: le solo de sax sur une de nos chansons, il est là parce qu'on aime ça pour vrai!»