Le duo Beach House a bercé notre hiver avec son troisième album, Teen Dream, qu'il viendra nous présenter ce soir, à la Sala Rossa. Et quoi que l'indie pop rêvasseuse du duo puisse laisser croire, être dans Beach House, ce n'est pas de tout repos: «Les vacances, ça n'existe pas pour nous», dit la chanteuse et claviériste Victoria Legrand, qui s'est levée tôt pour nous parler.

«Je suis debout depuis 7h. C'est difficile pour moi de relaxer, surtout lorsque je sais que j'ai plein de choses à faire dans la journée. Il y a tellement à préparer avant le début de la deuxième partie de la tournée», dit la musicienne dans un français fluide mais rouillé.

 

Elle revient à peine d'Europe, où Beach House a offert une vingtaine de concerts. Le duo reprenait la route le soir de notre entretien pour le volet nord-américain de la tournée qui l'amène à Montréal pour la première fois de l'année. Le groupe est aussi à l'affiche d'Osheaga, le 31 juillet.

Issue d'une famille d'artistes - papa peintre, oncle Michel Legrand «avec qui je n'ai pas vraiment de rapports, je ne sais même pas s'il connaît Beach House» -, la musicienne a pris racine à Baltimore pour poursuivre sa carrière musicale. «J'étais à Paris il y a six ans, et j'ai décidé de suivre un ami aux États-Unis pour monter un groupe. J'ai déménagé à Baltimore et, grâce à lui, j'ai connu Alex (Scally, son complice). Peu après, on a commencé à écrire des chansons.»

Elle connaissait déjà Baltimore, sa banlieue en tout cas, pour y avoir passé une partie de son enfance avec sa famille, aujourd'hui partagée entre les États-Unis et la France. «Lorsque je m'y suis installée, la scène underground n'était pas très connue, il y avait beaucoup à faire.»

Un premier disque autoproduit fut suivi par Devotion (2008), l'album qui a mis le tandem sur la carte. Teen Dream, composé et enregistré dans une ancienne église, confirme le magnétisme du duo, fin pourvoyeur de belles chansons pop chantées sur le ton de la confidence. Pas pour rien qu'on s'imagine que les musiciens puissent former un couple.

«Naturellement, il y a quelque chose de très intime dans notre musique. Mais elle n'est pas timide, il y a des forces et de la sensualité en elle. Pour Alex et moi, le travail est très intense. À cause de notre manière d'écrire à deux mains, cette énergie transparaît sur disque et sur scène.»

La musique de Beach House est réconfortante. «Ça me fait plaisir que vous disiez ça. La musique, on la fait pour vous plus que pour nous. On compose des chansons et on les offre. À mon sens, lorsqu'un disque est lancé, il ne nous appartient plus, et c'est tant mieux.»