Michel Cusson, le flamboyant guitariste d'UZEB converti en compositeur de musique de films, s'ennuyait du rock, de la chanson en français et de la scène. En Térez Montcalm et Luck Mervil, il a trouvé les voix capables de l'accompagner dans sa nouvelle aventure.

Est-ce du rock progressif, de la chanson world, de la musique ambiante ou cinématographique? Ce Cafe Elektric signé Cusson-Mervil-Montcalm est tout cela à la fois et plus encore.

Née du besoin que ressentait Michel Cusson, guitariste virtuose, compositeur et réalisateur, de sortir de son studio pour communiquer directement avec le public, cette aventure est pour le moins originale. Épaulé par Akido (Kim Gaboury), un whiz-kid avec qui il travaille depuis des années, Cusson a voulu créer «une nouvelle entité musicale». Il a ressorti des idées qu'il avait mises de côté et des musiques composées pour le cinéma, et, ensemble, ils ont bricolé des chansons. Leurs maquettes ont ensuite été soumises à Térez Montcalm, puis à Luck Mervil, «deux personnalités fortes» capables, par leurs textes et leurs voix, de donner du caractère à cet exercice que Cusson voulait trempé dans l'émotion. «Quand t'entends cette musique, il te vient tout de suite des images», dit Térez Montcalm en claquant des doigts.

Cusson leur avait précisé au départ qu'il ne voulait pas d'un «groupe à causes». Mervil interprète les chansons rock plus musclées, mais on sent que la musique de Cusson a inspiré les deux auteurs de la même manière, dans les thèmes éthérés ou les images (soleil, désert, lune) qui habitent leurs textes. «Je n'ai jamais dévoilé mes sources d'inspiration aux auteurs, mais c'était déjà là d'une façon subliminale, reconnaît le compositeur. Pour la chanson Comme la nuit, par exemple, je n'ai jamais dit le mot désert et pourtant quand Térez est arrivée avec son texte, nous sentions les mêmes choses!»

En entendant la musique de Rue des troubadours, Mervil a tout de suite imaginé un homme vivant sur la face cachée de la Lune: «Plus tard, j'ai demandé à Michel comment il voyait ça. «Un peu comme un gars qui ne vit pas sur la Terre, mais sur une autre planète.» Pourtant, il n'avait jamais lu mon texte!»

Sur les maquettes, la mélodie était fredonnée ou jouée au piano. «J'étais obligée de construire une phrase selon la ligne mélodique; je n'étais pas habituée de travailler de cette façon-là, confie Montcalm. Et Michel est très sévère: fallait vraiment respecter la ligne. J'ai dû m'habituer...»

Luck Mervil s'est beaucoup amusé à travailler de cette façon: «J'étais déjà fan de la moitié de l'album, je faisais mon jogging avec les chansons de Térez tous les matins. Tous mes textes ont été écrits en deux semaines!»

«Ah oui? pas moi! répond Montcalm avec une sincérité qui fait pouffer de rire ses complices. J'ai fait la première partie de l'album, et Luck l'autre, ce qui est un peu dommage. On n'a pas vraiment travaillé ensemble, sauf pour deux chansons. Mais en spectacle, on chante beaucoup plus ensemble.»

Chine, France, Brésil

Ce n'est pas si simple de concilier les horaires de travail de tout ce beau monde. Térez Montcalm passe une partie de l'année en France, où elle mène une belle carrière, et Michel Cusson parcourt le monde où on lui réclame des musiques pour des spectacles à grand déploiement.

«Même si Michel est en Chine, Térez en France et moi au Brésil, la musique c'est quand même un langage universel qui véhicule des émotions, explique Mervil. On pourrait enlever les textes, les mélodies et n'écouter que la trame et vous sentiriez ce que nous avons senti au départ. Michel a l'expérience du cinéma. Souvent dans un film, il ne se passe rien. Tu vois une barque qui tangue sur l'eau, c'est plate. Mais quand la musique embarque, ta-da, ta-da, ta-da, et va en s'accélérant, te voilà dans Jaws! Ça te montre à quel point la musique est im-por-tan-te!»

Musique de film et chanson sont pourtant deux univers distincts. «C'est justement ça qui est tripant, c'est complètement différent!» commente Montcalm. «J'ai demandé à des gens de l'industrie, même en France: avez-vous déjà entendu ça? Non, ça n'existe pas», renchérit Mervil.

Après avoir brisé la glace l'été dernier à l'Anglicane de Lévis et sur une scène extérieure des FrancoFolies, le trio se produira à l'eXcentris les 18 et 19 novembre. Nul ne sait ce que l'avenir réserve au trio, mais chacun est disposé à y consacrer le temps qu'il faudra. «Pour nous, c'est libérateur, constate Mervil. Comme on a chacun nos projets, ça nous permet d'aller respirer autre chose. C'est la rencontre de trois électrons libres, je ne sais pas encore ce que c'est exactement.»

«Ils me font rire, ces deux gars-là, ajoute Montcalm. Pour moi, c'est important. Le pire, c'est qu'ils ne savent pas qu'ils sont drôles!»

Cusson, Mervil, Montcalm, à l'eXcentris, les 18 et 19 novembre.

EN UN MOT

La rencontre improbable d'un musicien et compositeur proche du jazz et de la musique de film (Michel Cusson) et de deux chanteurs qui ont du chien (Térez Montcalm et Luck Mervil).

ROCK

CUSSON MERVIL MONTCALM

CAFE ELEKTRIC

GO MUSIQUE/DEP

Cusson, Mervil, Moncalm, Cafe elektric.