Ce soir, Steve Hill et les Majestiks joueront à l'Astral qu'ils ont fait trembler avec leur blues-rock vitaminé pendant le Festival de jazz. Retour sur un accident de parcours particulièrement heureux sur la route du guitar hero québécois.

Le printemps dernier, Steve Hill a eu un flash. Il a pris le téléphone pour demander à un agent s'il y avait de l'intérêt pour un show de blues qu'il promènerait dans les festivals cet été. L'instant d'après, Hill avait déjà une vingtaine d'offres sur la table.

 

«Je me suis dit : tant qu'à répéter, aussi bien installer des micros et enregistrer un album, racontait Hill lors de son passage à La Presse mardi. Nous n'avions jamais joué tous les quatre ensemble mais au bout de cinq jours en studio, nous avions un album. Pas le choix! On jouait au Festival de jazz le 6 juillet et l'album Damage Done devait être en magasin le lendemain.»

Pas mal pour un gars qui avoue spontanément avoir passé beaucoup trop de temps en studio à peaufiner ses deux albums précédents, Devil At My Heels (2007) et Domino (2002). L'ouragan Damage Done a tout emporté sur son passage, y compris un autre album qui était déjà prêt, mais dont la sortie a dû être reportée à 2010.

Le guitariste que j'ai devant moi est tout sourire. Pour la première fois, le gars qui joue les DJ pour ses musiciens dans leur véhicule de tournée s'est fait plaisir : «J'avais fait une playlist de blues-rock pour le jour où je déciderais d'interpréter des chansons des autres. Dès qu'on a parlé de cet album, j'ai fait un CD pour les gars et on a pigé dedans.»

En plus des compositions solides de Hill, Damage Done comprend des emprunts aux Yardbirds, à Taj Mahal, Howlin' Wolf, Don Nicks, Bob Seger et Robert Johnson. Le 6 juillet, Hill et les Majestiks nous ont balancé ces 13 pièces dans l'ordre, pas une de plus, pas une de moins, pendant la petite heure qu'ils ont passée sur la scène de l'Astral. Ce soir, ils nous en promettent au moins le double.

Les Majestiks

S'ils n'avaient jamais joué tous les quatre ensemble, les Majestiks n'en sont pas moins de vieux complices de Hill: Sam Harrisson a été son batteur de 1994 à 1999, le bassiste Rock Laroche jouait avec Hill à 14 ans avant de le retrouver il y a cinq ans, tandis que le guitariste bien nommé Johnny Flash est un vieux chum qui jouait de la batterie avec Hill il y a cinq ans. Les Majestiks ? C'était le nom du groupe des années 60 dans lequel jouaient le père de Johnny Flash et l'oncle de Rock Laroche.

«Flash a fait l'album et les shows cet été avec nous, mais il est parti à Las Vegas jouer dans le spectacle du Cirque du Soleil sur Elvis, précise Hill. C'est Richard Boisvert qui le remplace, un super guitariste avec qui j'ai déjà joué.»

Steve Hill est un boulimique de musique. Pour lui, Howlin' Wolf et Black Sabbath, c'est la même musique. Ses yeux pétillent quand il me parle de Judas Priest, de Freddie King, de Muddy Waters, des disques Stax, du Fleetwood Mac de Peter Green, ou de Steve Marriott, le regretté chanteur des Small Faces et de Humble Pie dont Robert Plant s'est « inspiré « pour chanter Whole Lotta Love.

Hill est occupé jusqu'au mois de décembre, qu'il passera à l'Impérial de Québec avec les Majestiks et Nanette Workman. Samedi dernier, il jouait avec les Majestiks à Rimouski ; lundi, il accompagnait Éric Lapointe à Gatineau ; mercredi, il était avec Papillon à Québec, et les Respectables l'ont invité à jouer avec eux à Longueuil hier soir.

« Au Québec, si t'as juste une carrière, tu ne donneras pas 150 shows par année, dit Hill. Les artistes qui m'appellent (Zachary, Pag, Lapointe, Leloup, Nanette) savent ce que je vais leur apporter, même s'il faut toujours que je m'adapte à leur style. Dans la dernière année, j'ai fait des sessions en studio avec Louise Forestier aussi bien qu'avec le band de hip-hop Taktika. Un musicien qui ne travaille pas, c'est pas mal inutile dans la société ! (rires) «

Steve Hill and The Majestiks, à l'Astral ce soir, 20 h.

EN UN MOT

Un guitar hero québécois, champion du blues-rock, que les chanteurs rock d'ici s'arrachent quand il est disponible.