Le duo Mad'moizèle Giraf a lancé plus tôt cette semaine Peindre la girafe, un premier album de pop-reggae-dancehall qui promet de faire durer l'été encore quelques semaines. Rencontre avec Funky Flip et Maestro Mez, les deux protagonistes de ce success story musical.

Le public québécois a un rapport particulier avec la pop jamaïcaine. Les artistes et groupes qui se consacrent exclusivement au reggae ne sont pas légion chez nous. Ainsi, lorsqu'une chanson à saveur reggae se hisse dans les palmarès, c'est généralement parce qu'un artiste populaire visite, momentanément, le style - exemple, Montréal d'Ariane Moffatt.

C'est donc avec plaisir que l'on constate que la chanson reggae de l'été est interprétée par un duo qui, lui, se consacre à ce qu'il appelle «le raggamuffin», le dancehall typiquement jamaïcain - ou, en tout cas, le nom qu'on donnait dans les années 80 à ce style vocal pratiqué par les artistes populaires de cette scène.

La chanson? Sub' sua job, complainte du lundi empreinte de résignation et de lassitude dans laquelle bien des travailleurs se sont visiblement reconnus. Leurs interprètes? Funky Flip et Maestro Mez - deux profs de musique! -, qui forment le groupe Mad'moizèle Giraf, jeune duo qui a connu une ascension assez spectaculaire en à peine six mois.

Leurs chansons sont indéniablement pop, mais leur amour du reggae est authentique et se répand de la première à la dernière chanson de Peindre la girafe, un disque qui compte sur la participation de leur pote MC Farigoul (Marseillais d'origine) et de Poirier, le temps d'une chanson.

«Ouais, c'est assez inattendu ce qui nous arrive, mais ça ne tombe pas des nues. On s'y préparait...», assure Maestro Mez, rencontré en arrière-scène après le spectacle donné par Mad'moizèle Giraf le soir du lancement de son album. Quand même, avant qu'ils ne foulent pour la première fois la scène du Lion d'or, lors de leur première participation aux Francouvertes, la chanson en question commençait déjà à faire tourner les têtes. Lorsque le duo a concouru à la grande finale de ces Francouvertes, Sub' sua job tournait déjà à CKOI FM.

«On s'est rencontrés au cégep de Sherbrooke, raconte Mez. On avait déjà des projets musicaux.» Les deux ont travaillé ensemble dans un groupe-hommage aux Red Hot Chili Peppers. «Au début, on ne s'aimait pas», se rappelle le grand Phil, alias Funky Flip. Mais les deux nouveaux Montréalais ont fini par développer une amitié pour le moins fructueuse. C'était il y a quatre ans.

Sur le tas

Le reggae est arrivé un peu par hasard dans leur vie, admet Mez. «Essentiellement, on a découvert le dancehall par Massilia Sound System, explique Flip. Nous sommes tombés dans le reggae français avant le jamaïcain. Ensuite, on a découvert Sean Paul, évidemment, mais aussi le reggae allemand, un type comme Seeed. Ça reste très pop, quelque chose qui a déteint dans notre propre musique».

Le hic: ils semblaient n'être que deux à s'intéresser à cette musique dans leur cercle d'amis. «Personne ne voulait faire du dancehall avec nous, dit Flip. Alors, on s'est arrangés tout seuls!»

«Au début, on s'amusait simplement à composer des chansons», dit Mez. Flip rapplique: «On a appris sur le tas, on donnait nos premiers spectacles en s'accompagnant avec nos ordinateurs. On s'est monté un sound-system maison, en se disant qu'un jour, des musiciens nous accompagneraient sur scène.»

Ils ont mis presque quatre ans avant de monter leur groupe, mais l'attente en a valu la peine. Dans la bande, un pilier de la scène reggae-dub locale, le vénérable bassiste Vander, ex-Coloc qui a certainement influencé la direction reggae de certaines des dernières chansons du fameux groupe. Ensemble, ils ont atteint la finale des Francouvertes, et une place dans l'été québécois grâce à leur succès radiophonique.

>DERNIER DISQUE: Peindre la girafe, HLM

> SUR SCÈNE: 23 octobre, Ex-Centris

www.madmoizelegiraf.com