Les deux meilleures minutes du festival : Stevie Wonder qui joue All Blues de Miles Davis et enchaîne avec Spain de Chick Corea. Un grand moment pour lancer le Festival de jazz, pendant lequel chacun des musiciens prend un solo de qualité. Cent fois meilleur que sur le DVD du spectacle, pourtant très bon, enregistré à Londres.

Les deux pires minutes du festival

En partant, Wonder rend hommage à Michael Jackson, en paroles et en chanson. Puis, en cours de spectacle, il fait jouer deux enregistrements de l'ami disparu. Étrange. Mais quand, devant une mer de spectateurs sous la pluie, le spectacle se termine passé minuit par un montage bâclé et interminable d'enregistrements de MJ, je décroche. Le plus contre-productif des hommages que l'on puisse imaginer.

  Le meilleur spectacle du festival

Jeff Beck. Jamais vu un guitariste tirer toutes sortes de sons de son instrument et avoir autant l'air au-dessus de ses affaires. Beck est un ado attardé et un rockeur dans l'âme qui s'amuse comme un petit fou, entouré de musiciens d'exception. Le souvenir des solos de Beck et de la bassiste Tal Wilkenfeld pendant Cause We've Ended as Lovers me donne encore des frissons!

La révélation du festival

C'est une Madeleine Peyroux métamorphosée qui nous attendait cette année. Jamais elle ne m'a paru aussi décontractée, aussi heureuse d'être sur scène. Un état de grâce qui survient juste au moment où elle nous offre son album le plus personnel, le plus réussi. Il n'y a pas de hasard.

La fausse bonne idée

L'inauguration à la va-vite de la Place des festivals par le grand spectacle de Stevie Wonder. Les spectateurs, même ceux qui pouvaient voir ou entendre quelque chose, n'ont pas apprécié d'être pris dans pareil entonnoir. On a compris la leçon et le déménagement de la grande scène au nord de la Place des festivals est un pas dans la bonne direction.

La meilleure blague du festival

Jamie Cullum: «Cette chanson (London Skies), je l'ai écrite à cause du temps terrible qu'il fait à Londres. Montréal c'est un pique-nique comparé à Londres!» T'es sûr, Jamie?

Un artiste à réinviter l'an prochain

Encore Jamie Cullum. À même pas 30 ans, ce gars-là a tous les talents, un charme fou et de l'énergie à revendre. On n'aura peut-être pas besoin d'attendre jusqu'à l'été prochain pour revoir cette bête de scène.

En résumé

En passant la plupart de mes soirées à la Place des Arts, j'ai pu admirer le métier de plusieurs vétérans. J'ai écrit plus haut tout le bien que je pense de Jeff Beck. À 82 ans, Tony Bennett a donné un concert exemplaire, le meilleur que j'ai vu de lui. Quarante ans après Woodstock, Joe Cocker sait comment donner à son public ce qu'il désire, et Dave Brubeck et son quartette de têtes blanches jouent encore avec un plaisir contagieux. Jamie Cullum et Lila Downs, plus jeunes, plus fous, habitent si bien la scène qu'ils en sont irrésistibles. Dans un registre plus nuancé, plus intimiste, Melody Gardot, 24 ans seulement, a tout autant de magnétisme. Voir autant d'artistes accomplis en si peu de temps, ça donne un peu le tournis. Jamais je n'oserai m'en plaindre.