Le duo britannique La Roux n'a pas encore lancé son premier album que les éloges fusent de toutes parts. Considéré chez lui comme l'un des groupes les plus prometteurs de 2009, La Roux trimballe sa pop électronique à la salle Les Saints ce soir avant de repartir en tournée avec Lily Allen. Entrevue avec «la rousse» Elly Jackson.

Ça saute aux yeux: la faute d'accord dans le nom du groupe, ça ne peut qu'être intentionnel.

- Elly, tu sais que ç'aurait dû être La Rousse?

- Mais oui, répond-elle avec aplomb. C'est juste que La Roux, ça entretient la confusion. Ça souligne mon look androgyne. Aussi, j'aime le son du nom... et le «x» à la fin!

Androgyne, comme l'était Annie Lennox longtemps avant elle. Sauf qu'Elly est plus garçonne, le regard de feu, la bouille frondeuse, une espèce de tête rousse en bataille. On entend tout ça dans sa voix, rigide et affirmée, au timbre presque métallique, peut-être un peu trop aiguë au goût de certains.

La comparaison avec Eurythmics n'est sûrement pas fortuite. Voyez les références pop eighties qu'elle nous sert lorsqu'on lui demande ce que sera son premier album, attendu en juin.

«Tears for Fears, Talk Talk, Human League, Heaven 17... you know, stuff like that. On ne cherche pas à révolutionner le genre, seulement à faire de la pop honnête, de la pop qui transporte une vraie émotion. Des structures de chansons qui accrochent à la première écoute, de gros refrains. J'aime beaucoup The Knife, le groupe est dans mon top 5 des nouveaux groupes, mais notre projet sera beaucoup plus mainstream. Ils sont énigmatiques, ils fuient les palmarès. Ce n'est pas notre cas.»

Curieux choix, alors, de confier le remix officiel de In For The Kill à Skream, l'une des têtes d'affiche de la scène dubstep londonienne. Son boulot a beau être irréprochable, sa version franchement fantastique reste résolument difficile d'approche, à l'image de cette scène encore confidentielle, même en Grande-Bretagne. «Ouais, c'est très underground tout ça, convient-elle. Mais, je me réjouis à l'idée que quelqu'un découvre tout un genre musical en entendant le remix de Skream», qui conserve toute la puissance d'évocation de la voix d'Elly dans sa version.

Elly et Ben

La Roux s'est formé en 2005, en pleine célébration de la nouvelle année, explique la chanteuse de 21 ans, fille d'une actrice reconnue chez elle (Trudie Goodwin). Elle jouait de la guitare dans un coin; Ben Langmaid l'a remarquée, ils font depuis la paire: «Je joue toutes les partitions de synthés, je bosse aussi devant l'ordinateur. Il n'y a pas une note de musique de La Roux qui ne se fait sans que nous soyons tous les deux dans le studio», insiste-t-elle, autant pour signifier que La Roux, ce n'est pas que la Rousse, et qu'elle n'est pas que la chanteuse non plus, pendant que Ben fait tout le boulot derrière. «Tu vois Goldfrapp? C'est pareil. Ce n'est pas que la chanteuse, c'est un groupe.»

C'est un label français, Kitsuné, qui a le premier remarqué le potentiel du duo, lançant en novembre dernier le single Quicksand. La maison Polydor a vite mis le grappin sur La Roux, et la machine s'est emballée - la BBC, le Guardian, le NME ont tous fixé leurs radars sur le phénomène.

«On essaie de ne pas trop s'en faire avec ça, dit Elly, comme si elle voulait se soustraire un peu à cette pression qui vient avec les attentes. On vient tout juste de finir le mastering de l'album, et je suis très très satisfaite du résultat. Je suis fière du travail qu'on a accompli ces dernières années. Je me dis que les gens vont comprendre ce qu'on fait et où on se dirige avec ces chansons.»

La Roux, en concert ce soir, 21h, à la salle Les Saints.