Pendant que Duffy et Adele faisaient la tournée des grands médias avec leurs ballades pop jazz formatées, Lykke Li faisait monter les enchères dans la blogosphère avec sa voix de nymphette aux accents sophistiqués. Après avoir vu son excellent album Youth Novels figurer dans moult palmarès de l'année 2008, la Suédoise repasse par Montréal, mercredi prochain.

«La tournée, c'est génial, dit Lykke Li au bout du fil, avec sincérité. C'est rencontrer un tas de gens incroyables, visiter des endroits débiles. Et, d'autre part, il n'y a pas de meilleur moyen de se sentir comme Tina Turner que de parcourir le monde à donner des concerts!»

 

Li Lykke Timotej Zachrisson, jeune Suédoise de 22 ans seulement, savoure ces jours-ci le succès qui, en l'espace de treize petits mois ayant rapidement filé, l'a catapultée hors de l'anonymat. Youth Novels, son premier album lancé sur LL Recordings (Warner Canada se charge de la distribution), fut l'un des succès-surprise de l'année dernière, générant quelques hits qui ont charmé les branchés, ces Little Bit, I'm Good I'm Done et Tonight.

La demoiselle n'a cependant pas la personnalité qui va avec son filet de voix, assuré mais doucereux, pourvu d'un accent à faire fondre les banquises. D'ailleurs, le gars de la promo du distributeur canadien s'est vite enquis de l'humeur de Lykke Li, peu après que j'aie terminé mon entrevue. La chanteuse n'a apparemment pas bon caractère. Paraît qu'elle donne de mauvaises entrevues.

Un peu raide au bout de fil, fatiguée, sûrement - «Treize mois sur la route! C'est ma deuxième tournée nord-américaine», insistait-elle -, mais mettons-nous à sa place quelques instants, nous le serions tout autant. «Je m'ennuie de ne pas avoir de temps pour moi, de ne pas avoir de plans. Je m'ennuie de ne pas cuisiner, et je m'ennuie de ne pas pouvoir fermer la porte de ma chambre».

Vivement les vacances, le prochain album attendra. «J'y pense déjà, avoue-t-elle, mais je fais attention de ne pas me presser pour m'y investir. Je veux que ce soit a fuckin' masterpiece! Et pour y arriver, je sens que j'ai besoin de prendre mon temps.»

Trop tôt, alors, pour confirmer que l'astucieux Björn Yttling, compatriote qui a aussi connu la gloire avec son groupe Peter Björn and John, assurera à nouveau la réalisation de l'album - sa touche méticuleusement pop, faite de timides structures rythmiques (électroniques ou acoustiques), de guitare acoustique, de piano et de nappes de synthé diaphanes, faisaient autant pour le charme de Youth Novels que les compositions simplement accrocheuses et la voix, bien sûr, de mademoiselle Li.

Or, curieux détail, le succès de Lykke Li a largement été porté par les DJ et remixeurs, qui se sont entichés de Little Bit, une chanson qui n'était pourtant pas destinée à devenir un succès de clubs, même si, dans ses vidéoclips, la Suédoise aime esquisser d'étranges pas de danse. «Je sais! C'est tellement bizarre», commente la principale intéressée. Elle a recensé plus de 80 remixes, officiels, pirates ou amateurs, de sa chanson.

«Je l'aime, cette chanson, et je suis vraiment étonnée de voir comment elle a été reprise, surtout que j'apprécie d'abord et avant tout être au piano et chanter combien ma vie est dépressive, tu comprends? C'est comme ça que je me sens le mieux, et c'est assez différent de l'interprétation qu'on a faite de la chanson. Ça m'est arrivé de me retrouver dans un club et de me dire: Oh my God! C'est ma chanson, ça?»

Les bidouilleurs l'ont même invitée à participer à leurs productions. Dans les prochaines semaines, alors que mademoiselle Li sera en vacances, on pourra entendre sa voix sur les prochains albums de N.A.S.A. (un duo hip-hop/pop américain, elle chante sur un titre avec Kanye West et Santogold) et des Norvégiens Royksopp, pourvoyeurs de fine pop électronique.

«Désolé, je ne peux rien te dire à propos du nouveau Royksopp (intitulé Junior), je ne connais que la chanson à laquelle j'ai participé, enregistrée en quelques heures lors d'une journée de congé, pendant la dernière tournée. Je suis même étonnée que ça finisse par sortir - ils sont tellement lents à produire, ces gars-là...»

Lykke Li, au Club Soda le 4 février, 20h.