Réglementer l'internet pour faire augmenter le contenu canadien ne ferait que nuire aux consommateurs, selon Netflix, qui s'est présenté vendredi devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

La dirigeante du service de vidéo en ligne a ainsi demandé à l'organisme de réglementation de laisser les forces du marché dicter ce que les consommateurs pourront regarder.

L'impact de Netflix et des autres fournisseurs de vidéo en ligne sur le secteur traditionnel de la télédiffusion au pays est au coeur des audiences publiques du CRTC qui se sont déroulées au cours des deux dernières semaines.

Corie Wright, la directrice des politiques publiques mondiales de Netflix, a affirmé devant les cinq membres du comité du CRTC que la réglementation des services de vidéo en ligne n'est pas une nécessité et qu'elle pourrait avoir des conséquences qui iraient à l'encontre des intérêts des consommateurs.

Selon elle, les téléspectateurs devraient pouvoir «voter avec leurs dollars et leurs yeux pour former le marché médiatique».

Cette présentation en solo de Mme Wright faisait contraste avec celles des principaux télédiffuseurs canadiens et distributeurs comme Bell et Rogers, qui ont envoyé une délégation de dirigeants devant le CRTC au cours des deux dernières semaines.

Mme Wright a par ailleurs souligné que les télédiffuseurs traditionnels reçoivent du financement pour produire du contenu canadien, des fonds auxquels Netflix n'a pas accès. Elle a aussi rappelé que Netflix proposait déjà du contenu canadien dans son offre vidéo.

Plusieurs groupes culturels et au moins deux gouvernements provinciaux et groupes de production ont appuyé l'idée de réglementer Netflix et d'autres services de vidéo en ligne, ce qui les forcerait à contribuer aux fonds servant à financer la production de contenu canadien.

Le gouvernement Harper a toutefois déjà indiqué qu'il s'opposerait à toute taxe sur de tels services, nommant spécifiquement Netflix et YouTube.

Mais pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), il serait tout à fait raisonnable d'exiger des services comme Netflix de facturer les taxes sur les achats des internautes.

Le député Pierre Nantel, porte-parole du parti en matière de Patrimoine, se défend de vouloir «taxer Internet» comme les conservateurs le laissent entendre, selon lui.

«Pourquoi est-ce qu'un vendeur étranger peut vendre son service pas de taxes? Ses concurrents canadiens paient des taxes», a-t-il plaidé en entrevue téléphonique.

Les audiences publiques du CRTC, qui se sont échelonnées sur deux semaines, ont pris fin vendredi à Gatineau.