La Presse+ n'est plus le seul journal canadien à proposer une application iPad digne de ce nom. Mardi dernier, le quotidien de langue anglaise Ottawa Citizen a lancé lui aussi une application destinée à la tablette numérique, application qui devrait être adoptée par les autres journaux de la chaîne Postmedia - The Gazette, Calgary Herald, etc. - au cours de la prochaine année.

Nombreux sont les journaux qui voient la tablette comme une planche de salut dans un marché où les revenus publicitaires sont en baisse et où le lectorat est volatil. En 2013, les ventes mondiales de tablettes numériques ont atteint 195,4 millions d'unités, en hausse de 68 % par rapport à l'année précédente, selon les informations de la firme Gartner. Au Québec, 26,5 % des foyers possèdent une tablette numérique, indique l'étude NETendances du CEFRIO publiée en 2013.

Plusieurs quotidiens se contentent pour l'instant d'une présence passive sur les tablettes, offrant à leurs lecteurs une application très basique qui ressemble davantage à une reproduction du journal papier, comme le Toronto Star, par exemple. Mais d'autres quotidiens travaillent actuellement au développement d'une application plus poussée. C'est le cas du Devoir, dont le directeur, Bernard Descôteaux, a confirmé la semaine dernière le lancement d'une application mobile pour tablettes l'automne prochain.

Stratégie multiplateforme

La nouvelle stratégie du Ottawa Citizen - dont les deux tiers du trafic sur le site web provenaient d'appareils mobiles - se déploie donc sur quatre plateformes: papier, téléphone mobile, web et iPad. Contrairement à La Presse qui l'a encore évoqué récemment, il n'est pas question d'abandonner le papier (Postmedia a même confié le rebranding de ses journaux au journaliste et éditeur Tyler Brûlé), mais plutôt de rejoindre les lecteurs là où ils se trouvent.

Pour ce faire, on a mené une vaste enquête auprès de 17 000 Canadiens à l'automne 2013. Le sondage, réalisé par la firme Ipsos pour Postmedia, a confirmé ce que plusieurs études (celles du Pew Center, du CEFRIO, etc.) observent déjà depuis plusieurs années, à savoir que les jeunes s'informent davantage sur leur téléphone mobile, que les gens qui ont connu le journal papier y restent attachés et que les baby-boomers intègrent très bien la tablette dans leurs habitudes quotidiennes.

Avec l'aide du designer de journaux de réputation internationale Mario Garcia, le Ottawa Citizen a donc imaginé un contenu qui se déclinerait sur toutes les plateformes. Ce qui est différent dans sa démarche, c'est qu'on ne se contente pas de présenter le même contenu sur quatre supports, on l'adapte selon le public ciblé.

«Par exemple, sur le mobile, le ton, les titres, la forme des textes seront plus impertinents», explique le patron du Ottawa Citizen, Andrew Potter, en entrevue à La Presse.

Outre l'application mobile, il y a le journal, distribué le matin, le site web, qui informe les internautes en continu, et l'édition iPad qui en est une de soir, disponible à 18 h.

On y retrouve les nouvelles de la journée, des analyses plus approfondies ainsi que des reportages et des chroniques. La navigation est facilitée par des codes de couleur et une division par sections.

Cette approche en quatre temps, Mario Garcia - qui a refait environ 550 médias écrits à travers le monde, incluant le Wall Street Journal, Paris Match et L'Équipe - l'a baptisée le «media quartet».

La vidéo est également très présente dans l'application iPad. «Nous n'avons pas une grosse équipe, reconnaît Andrew Potter. Pour l'instant, un photographe s'est converti à la vidéo, et nous avons aussi un vidéaste contractuel. On demande aussi aux journalistes de filmer avec leur téléphone.»

Gros bémol, toutefois: il est impossible de partager les textes lus sur l'iPad. «On ne veut pas que les lecteurs sortent de l'application, on souhaite qu'ils restent à l'intérieur de ce jardin fermé, précise M. Potter. Mais la stratégie va peut-être évoluer à mesure que les autres titres de Postmedia adopteront l'application.»

Contrairement à La Presse+ qui est offerte gratuitement, l'application du Ottawa Citizen est payante. Celle du Devoir le sera aussi. Autant du côté de Postmedia - qui a instauré un «paywall» il y a près de deux ans - que du côté du Devoir, on privilégie l'abonnement payant. Impossible de dire pour l'instant si cette approche portera ses fruits, mais chose certaine, le bassin de lecteurs de journaux sur tablette va croître considérablement au cours des prochaines années.

MichaelMoore.com

Le cinéaste engagé, célèbre pour ses films Roger and Me et Bowling for Columbine, va-t-il révolutionner la façon dont on conçoit un site web? Le sien, relancé cette semaine, est audacieux et super efficace. Il se résume à quatre portes qui mènent l'internaute vers les quatre comptes de réseaux sociaux de Moore: Twitter, Facebook, Tumblr et Instagram. «Comme je communique avec vous par l'entremise des réseaux sociaux, écrit-il sur Facebook, je me suis dit: pourquoi cela ne serait-il pas mon site web?»

Le 30 mai au Québec

Une journée dans la vie du Québec. C'est ce que veut raconter le journaliste du Devoir Fabien Deglise dans un documentaire auquel nous pouvons tous participer. Inspiré du documentaire Life in a Day qui racontait une journée dans la vie de la planète Terre, le 24 juillet 2010, il demande aux gens de lui faire parvenir un micro-métrage de 15 à 30 secondes tourné avec une caméra ou un téléphone intelligent et qui montrera une activité quotidienne: travail, école, loisirs, etc. Une douzaine de cinéastes professionnels se prêteront également à l'exercice.