Pour souligner son 75e anniversaire, la Première chaîne de Radio-Canada diffusera cinq séries radio au cours de l'automne. La première, L'invention de la radio, raconte les débuts de ce médium qui, malgré les avancées technologiques, l'apparition de la télévision et de l'internet, occupe toujours une place de choix dans nos vies.

C'est dans une soirée mondaine qu'est née l'idée d'une série qui raconterait l'histoire de la radio. Le comédien Rémy Girard félicitait l'animateur Michel Lacombe pour le documentaire radiophonique sur la Révolution tranquille, diffusé il y a deux ans sur les ondes de la Première chaîne. «Il faut faire la même chose avec la radio!», a lancé le comédien avec l'enthousiasme qu'on lui connaît.

Il faut savoir que Rémy Girard est un collectionneur qui possède environ 400 postes de radio, le genre de maniaque abonné à plusieurs publications spécialisées et capable de faire venir par l'internet une pièce manquante du fin fond des États-Unis.

«Nous nous sommes rencontrés à quelques reprises pour bâtir une proposition de série, puis la réalisatrice Lynda Baril et la journaliste Marie-France Bélanger sont embarquées dans le projet», raconte l'animateur Michel Lacombe qui, en plus de prêter sa voix à la série, a réalisé plusieurs entrevues, dont celle avec l'historien de la radio Pierre Pagé.

Inventeurs et pionniers

Le premier épisode de la série, qui sera présenté aujourd'hui à 12h15, couvre les années 1895 à 1925. C'est avant tout une histoire d'inventeurs, de patenteux et de maniaques de technologie qui, de découverte en découverte, ont permis à la voix de voyager dans l'espace.

Au coeur de cette révolution, on trouve évidemment Guglielmo Marconi. L'équipe de L'invention de la radio a retrouvé sa fille, Elettra, qui raconte avec chaleur les péripéties de son père.

L'invention de la radio, c'est aussi les premiers pas de la télégraphie sans fil. On raconte ainsi que Trefflé Berthiaume, alors propriétaire du journal La Presse et fondateur de la station de radio CKAC (qui s'appelait à l'époque CKAC-La Presse), avait réservé un encadré à la une de son journal, dans lequel il publiait les nouvelles obtenues grâce à son antenne de télégraphie sans fil. L'ancêtre du fil Twitter en quelque sorte!

Autre personnage central de l'histoire de la radio qui mériterait une série à lui seul, le Québécois Jacques-Narcisse Cartier, un étudiant de Saint-Hyacinthe tellement passionné par la télégraphie sans fil qu'il est allé rejoindre Marconi en Nouvelle-Écosse. Il deviendra son assistant, puis connaîtra une carrière digne d'un film hollywoodien (il a entre autres travaillé pour le service de contre-espionnage de l'état-major canadien durant la Seconde Guerre mondiale et a été, comme pilote, chargé de l'espionnage radio pour l'aviation britannique!).

Certaines anecdotes racontées par des témoins de l'époque font sourire tellement elles semblent invraisemblables aujourd'hui. En effet, à l'heure des studios de radio entièrement informatisés, difficile d'imaginer qu'un animateur pouvait s'absenter de son micro une bonne quinzaine de minutes, laissant ses auditeurs en plan et les ondes silencieuses, le temps d'aller manger un sandwich...

Au-delà de l'évolution technologique, il y a bien sûr l'impact social de l'arrivée de la radio dans les foyers. «Au début, raconte Michel Lacombe, les gens n'avaient pas les moyens de se payer un poste de radio qui coûtait 25$, une grosse somme pour l'époque. Ils l'achetaient donc à plusieurs familles et se massaient tous autour du poste de radio pour l'écouter en groupe.» L'arrivée de la radio aura en outre été une formidable ouverture sur le monde et son impact, ainsi que la création de la radio publique, seront racontés dans les deuxième et troisième épisode.

L'invention de la radio. Une série en trois parties diffusées sur la Première chaîne les samedis.Début aujourd'hui à 12h15.