Combien de temps encore avant que Twitter ne devienne un champ miné de publicités?

La question mérite d'être posée.

Depuis le début de la révolution égyptienne, la station de télévision arabe Al-Jazira en profite pour faire sa promotion sur Twitter.

En effet, depuis avril dernier, les entreprises peuvent promouvoir des tweets et ainsi attirer l'attention des abonnés Twitter sur leurs produits ou leurs services.

Par exemple, la semaine dernière, en regardant à la droite de son écran sur sa page Twitter, on pouvait voir que l'expression LoveShout (crier son amour, Saint-Valentin oblige) était promue (on voit le mot «Promoted» dans un rectangle jaune). En cliquant sur l'expression, on découvrait l'identité de l'entreprise derrière cette promotion, AT&T. Un clic sur le lien de AT&T nous dirigeait ensuite vers la page Facebook du concours Love Shout de AT&T.

Au cours des derniers mois, des entreprises comme Best Buy, Bravo, Red Bull, Sony Pictures, Starbucks et Virgin America ont utilisé les tweets promotionnels. Twitter explique sur son site que, si le tweet en promotion n'est pas retweeté par les usagers, s'il ne s'inscrit pas naturellement dans la discussion en cours sur Twitter, il disparaîtra aussitôt.

Il n'y a pas de chiffres disponibles sur les revenus générés par cette stratégie, mais on sait que cette forme d'autopromotion a été très payante pour Al-Jazira au cours des derniers jours.

La chaîne de télé arabe, établie au Qatar, a profité de la crise en Égypte pour se faire connaître aux États-Unis (Al-Jazira est absente du marché américain, sauf dans trois villes), espérant que les abonnés Twitter exercent ainsi des pressions pour que leur cablôdiffuseur offre le signal d'Al-Jazira.

En ciblant les échanges utilisant des mots-clés comme #jan25, #cairo, #mubarak et #egypt, Al-Jazira ajoutait son propre mot-clé, #DemandAlJazeera, ou encore il envoyait des tweets comme celui-ci: «Like our coverage from #Egypt? Think we should be shown on US TV? It's time to #DemandAlJazeera aje.me/demandAJ.»

La stratégie a connu un succès monstre. La circulation sur le site d'Al-Jazira a augmenté de 2500 %! Le responsable des médias sociaux chez Al-Jazira, Riyaad Minty, a expliqué à Twitter qu'à la chaîne arabe, on avait créé un pupitre qui coordonnait la campagne de médias sociaux de la même façon qu'on le ferait pour coordonner la couverture d'un événement. On suivait l'actualité et, dès qu'un nouveau mot-clé ou qu'une tendance apparaissait (un discours du président Moubarak, par exemple), Al-Jazira s'insérait dans la discussion et plaçait ses mots-clés.

Nombreux sont les abonnés Twitter qui ont été irrités au plus haut point par cette intrusion publicitaire. Il faudra pourtant s'y faire. En effet, Twitter pourrait bien être vendu à un plus gros groupe qui maximisera ses avenues publicitaires.

Pour l'instant, tout est gratuit sur Twitter. Cyberpresse et le New York Times peuvent utiliser ce formidable fil de presse pour diffuser leur contenu auprès des abonnés, mais qui sait? Un jour, Twitter pourrait bien facturer les entreprises de presse pour avoir le droit de faire la promotion et d'attirer des abonnés sur leur site.

Pour l'instant, seulement 12 % des internautes américains (et environ de 8 à 10 % des internautes québécois) sont abonnés à Twitter. À titre de comparaison, environ 62 % des internautes américains sont abonnés à Facebook. Si, comme le veut une rumeur rapportée par le Wall Street Journal la semaine dernière, Google ou Facebook mettait un jour la main sur Twitter, les choses pourraient bien changer. Ces deux entreprises sont reconnues pour leur capacité à maximiser leur potentiel publicitaire. Twitter tel qu'on le connaît aujourd'hui deviendrait alors un souvenir lointain.

La télévision d'Al Gore

Le nom de Current TV ne vous dit rien? Il est pourtant réapparu dans l'actualité médias la semaine dernière lorsqu'on a appris que Keith Olbermann, ex-animateur vedette au réseau MNSBC, allait y animer une émission. Fondée en 2005 par l'ancien vice-président Al Gore, Current TV est une télévision participative qui fait appel à son auditoire pour bâtir sa programmation. On y trouve donc des bulletins d'information dont les nouvelles ont été proposées par le public, des critiques de cinéma collectives, des émissions dramatiques qui font appel à la participation des auditeurs. Novatrice? Oui, sans aucun doute. Mais absolument pas populaire. On n'entend jamais parler de Current TV. Pour Keith Olbermann, qu'on a déjà qualifié de Bill O'Reilly de la gauche, habitué à une certaine visibilité et à des cotes d'écoute somme toute respectables, le passage à Current TV risque d'être difficile. Est-ce le début de la fin de sa carrière? On le verra au cours des prochains mois. On peut regarder Current TV sur le web, à l'adresse suivante: current.com