Hier, La Presse vous a déjà proposé les critiques d'albums de chanteurs ou groupes invités aux 31es Nuits d'Afrique, qui démarrent aujourd'hui même - Emel Mathlouti, le 18 juillet au Théâtre Fairmount; Las Cafeteras, le 18 juillet à l'extérieur; Mokoomba, le 19 juillet à l'extérieur; Sidi Wacho, le 22 juillet à l'extérieur. Pour compléter ce tableau de découvertes, voici huit spectacles de plus à ne pas manquer, chaudement recommandés par la direction artistique du festival.

Delgrès

Ce soir, 20 h 30, Balattou

Le chanteur Pascal Danae faisait partie du groupe Rivière Noire lorsqu'il a démarré ce projet spécifique de concert avec le batteur Baptiste Brondy, auxquels s'est joint le tubiste Raphael «Rafgee» Gouthiere. Le nom de ce trio rend hommage à Louis Delgrès, officier métis s'étant sacrifié en 1802 en s'opposant au rétablissement de l'esclavage promulgué par Napoléon. Plusieurs milliers de Guadeloupéens s'étaient alors exilés en Louisiane, terreau fertile pour le blues afro-américain. Deux siècles plus tard, on observe que le blues peut aussi fleurir au-delà du delta du Mississippi, s'inspirant des sonorités graveleuses des générations antérieures, tout en proposant une actualisation: la basse est remplacée par le sousaphone, les pédales d'effet ajoutent de nouvelles textures au son d'ensemble, le soliste Pascal Danae s'exprime en créole et se réclame aussi de la racine originelle du blues, subsaharienne comme on le sait.

Jesse Royal

14 juillet, 21 h, Théâtre Fairmount

Le Jamaïcain Jesse David Leroi Grey a vécu sa petite enfance à St. James Parish, dans la région de Montego Bay, avant de déménager avec sa famille à Kingston. Il fréquente alors le fils de Ziggy Marley, Daniel «Bambaata», et les garçons créent ensemble leurs premières esquisses avec l'aide de Curt «Qban». Plus tard, Jesse fait la rencontre du jeune réalisateur Kareem «Remus» Burrell, dont le père, Philip «Fatis» Burrell, réalisera ses premiers enregistrements professionnels; Singing the Blues et Long Days and Short Nights, lancés en 2010. C'est le début d'une longue enfilade de singles et mixtapes: Misheni en 2012, In Comes the Small Axe en 2013, Royally Speaking en 2014, suivis d'un premier maxi en 2015, Hope & Love. Le potentiel est confirmé, on peut compter sur Jesse Royal au sein de ce jeune contingent associé à la relance et l'actualisation du roots reggae.

Kae Sun

15 juillet, 21 h, La Sala Rossa

Kae Sun, de son vrai nom Kwaku Darko-Mensah Jr., a été musicalement biberonné aux albums de son père, soul, R&B, funk, reggae, de Stevie Wonder à Bob Marley. Adolescent, il montait déjà sur les scènes d'Accra, armé d'une guitare qui ne le quitterait plus. D'abord pour ses études universitaires et ensuite pour sa carrière de chanteur, le Ghanéen fréquente le Canada, l'Ontario et le Québec où il réside désormais en permanence. Sa carrière professionnelle est en marche depuis une décennie, sa musique est traversée par la soul/R&B, le folk, le rock indépendant, le hip-hop ou la synthwave. En 2016, Kae Sun a collaboré avec Joshua Sadlier-Brown et Ariane Moffatt pour la réalisation de Canary, un maxi sorti en mars dernier. En voici la résultante sur scène.

Quantic

15 juillet, 22 h, Théâtre Fairmount

Nuits d'Afrique Sound System, soit le volet DJ/électro du festival initié il y a quelques années, renoue sa collaboration avec le collectif Canicule Tropicale. Cette fois, l'invité de marque est le multi-instrumentiste (surtout guitariste et accordéoniste), réalisateur et DJ Will Holland, alias Quantic. Outre ses initiatives instrumentales, le Britannique a fait sa marque en intégrant des doses substantielles d'électro aux musiques latines, une démarche au confluent du DJisme et de l'ethnomusicologie. Il nous proposera ainsi une sélection de trouvailles faites aux quatre coins de la Colombie, où il a résidé un long moment. Pour mieux le situer, on se souvient de la formation Ondatrópica venue en 2015 aux Nuits d'Afrique; il avait alors réuni un aréopage de musiciens colombiens, à notre plus grand plaisir.

Photo fournie par Nuits d'Afrique

Kae Sun

The Dizzy Brains

17 juillet, 21 h, La Sala Rossa

Voilà une autre découverte de l'allumé Jean-Louis Brossard, grand directeur artistique des TransMusicales de Rennes. The Dizzy Brains s'y étaient produits en 2015, voici la suite. Imaginez un groupe garage punk fondé à Antananarivo, capitale de Madagascar ! La collection d'albums rock du paternel aurait créé un impact décisif chez les frangins Eddy et Mahefa Andrianarisoa. Ces garçons ont une solide culture rock, ce qui les a menés à fonder plusieurs groupes, à l'instar de tant de jeunes Occidentaux. En 2011, c'était le bon: The Dizzy Brains les propulsera hors de leur île-continent, les voici parmi nous en quartette (Poun, guitare, Mirana, batterie, Mahefa, basse, Eddy, chant) pour une puissante décharge de rock malgache. Plein de raisons pour ces jeunes mecs d'être tonitruants et virulents, il va sans dire.

Kandia Kora

19 juillet, 20 h, Lion d'Or, aussi les 22 et 23 juillet gratuitement à l'extérieur

Issu de la caste des griots, Kandia «Kora» Kouyaté est le fils du célèbre djéli M'Bady Kouyaté et directeur artistique de l'Ensemble Symphonique Traditionnel National de la République de Guinée. Virtuose de la kora comme le paternel, il tourne internationalement depuis plus d'une décennie, il enregistre à titre de leader depuis 2009 - son album le plus récent est paru l'an dernier: Fais Bisous. Sur les scènes du monde, on l'a vu jouer notamment avec les Africains Tiken Jah Fakoly, Alpha Blondy, Ba Cissoko ou encore le Libanais Zeid Hamdan. Kandia intègre ses qualités probantes d'instrumentiste à une démarche d'auteur-compositeur-interprète aux ambitions pop grand public; cette direction artistique le mène à métisser sa tradition mandingue en puisant dans différents styles musicaux: hip-hop, soul pop, rock, blues ou électro.

Photo fournie par RIJASOLO

The Dizzy Brains

Mbongwana Star

20 juillet, 21 h 30, scène TD-Ici Musique (parterre du Quartier des spectacles)

Ex-membre des groupes Aksak Maboul et Les Tueurs de la lune de miel, le Belge Vincent Kenis s'était passionné pour la musique congolaise ; on lui doit les réalisations des fameux groupes Konono No 1 et Staff Benda Bilili, duquel est né Mbongwona Star à la suite d'une scission interne. De République démocratique du Congo, cette formation plus récente enregistre sous étiquette World Circuit; brillante réalisation de Liam Farrell, alias Doctor L, cette pop d'Afrique centrale explore de nouvelles avenues avec instruments électriques et compléments électros. Inutile d'ajouter que l'album From Kinshasa a récolté d'excellentes critiques dans le monde entier depuis sa sortie en 2015. Voilà un incontournable parmi les spectacles gratuits présentés au Village des Nuits d'Afrique.

Tribu Baharú

23 juillet, 21 h 30, Scène TD-Ici Musique

Originaire de Bogotà, la formation colombienne Tribu Baharú fait dans la champeta, musique populaire de tradition afro-colombienne, côté Atlantique. On y observe de fortes influences d'Afrique centrale, soukouss et rumba, ou d'Afrique australe, mbaqanga et Soweto township jive, ou encore des Antilles, konpa, zouk, calypso, soca, reggae. Preuve supplémentaire que la mouvance afro-colombienne s'inscrit dans une vaste expérience mondiale et poursuit ce travail de diffusion afro-culturelle initié au pays par le fameux sound system Pico, qui a longtemps sévi sur la côte caribéenne. En étoffe la singularité des caractéristique régionales, dont l'expression des dialectes des rues de Bogotà et du créole palenquero. Pour mieux vous préparer à la clôture de Nuits d'Afrique, écoutez l'album Made in Tribu Baharú et visualisez un spectacle avec danseurs!

Photo fournie par Nuits d'Afrique

Mbongwana Star