Hormis leurs musiciens de tournée, ils ne sont maintenant que deux dans Radio Radio. Avec Light the Sky, leur cinquième album - qui est aussi leur premier entièrement en anglais -, Gabriel L.B. Malenfant et Jacques Alphonse Doucet ont espoir de conquérir de nouveaux marchés.

«Nous avons été dans un contexte déstabilisant dans chaque album», lance en début d'entrevue Gabriel L.B. Malenfant, la moitié de Radio Radio.

Il rappelle le lancement du premier album, le départ de Timothée Richard avant le deuxième, le déménagement au Québec, les attentes du nouveau label Bonsound, la pression du succès... Cette fois-ci, Radio Radio a dû s'ajuster au départ d'Alexandre Bilodeau (dont le nom d'artiste est Arthur Comeau), qui réalisait toutes les musiques du groupe.

«Être déstabilisé stimule la créativité et les remises en question. Cela change les points de repère et amène une vision plus fresh», dit Gabriel L.B. Malenfant.

«Notre but est toujours d'avancer. Chaque album est une autre aventure qui nous amène à une autre étape et devant un autre public. Nous sommes au début de notre carrière», affirme Jacques Alphonse Doucet.

Repousser ses limites

Les deux acolytes de Radio Radio ne s'en cachent pas: ils ont de l'ambition. Après tout, «pourquoi viser les étoiles quand tu peux rejoindre l'univers?» À les entendre citer Steve Jobs, on comprend que leur plan de carrière n'a rien d'arbitraire et qu'il est nourri par une démarche artistique longuement mûrie. «Il faut toujours pousser ses limites», disent-ils tour à tour.

Vendredi, le duo originaire de la Nouvelle-Écosse a lancé son cinquième album, Light the Sky, son premier en anglais et le premier pour lequel il a confié les musiques à des réalisateurs et producteurs.

«On voulait des beatmakers au cutting-edge. J'ai commencé à m'intégrer aux soirées électroniques du Belmont pour checker out la scène», raconte Gabriel.

«Nous avons jammé des idées avec Ghislain Poirier mais cela n'a pas adonné à cause d'autres projets», signale Jacques.

Au final, Alex McMahon, J.u.D. et Shash'U ont collaboré à plusieurs titres, alors que DJ Champion a signé la musique de la dernière chanson de l'album.

Sur la même longueur d'onde

La chanson Then Came the Music se veut par ailleurs une pointe à l'ex-Radio Radio Alexandre Bilodeau et à l'idée que la musique soit plus importante que les paroles. De la rancoeur?

«Les deux sont importants pour faire une bonne chanson», se contentera de dire Jacques Alphonse Doucet.

Gabriel et lui se disent sur la même longueur d'onde. Ils ont chacun leur vie. Avant d'être amis, ils sont des proches collaborateurs et des partenaires. «Un unit», dit Jacques.

Après cinq albums, ils ne remettent pas en question leur duo avec des ambitions en solo. Sur scène et dans l'écriture des textes, ils se complètent et partagent la même vision. «Nous sommes dans notre zone.»

Cap sur le marché anglo-saxon

Avec Light the Sky, Radio Radio délaisse le chiac qui a fait sa marque et tente une aventure 100 % en anglais. «Avec chaque album, on veut explorer un nouveau territoire, dit Jacques. Là, peut-être que le côté anglais va intéresser les États-Unis.»

Jacques et Gabriel ont érigé les fondations de Light the Sky à Brooklyn, pour être dans un univers anglophone et dans un des berceaux du hip-hop. «Cela changeait l'esprit et il y avait une nouvelle vibe», dit Jacques.

Tantôt dans les basses rap, tantôt avec le côté kitsch dansant de Chromeo, Light the Sky évoque la vie nocturne. Les deux auteurs invitent néanmoins le public à prendre leurs paroles à un deuxième, voire à un troisième niveau.

«Il y a de la satire. Tu peux ne pas te casser la tête avec les textes, mais tu peux aussi te poser des questions. On aime le party et on a la joie de vivre acadienne, mais on consomme plein de culture et d'idées», explique Gabriel L.B. Malenfant.

Jacques et Gabriel sont dans la mi-trentaine. Ils ont des aspirations à la fois artistiques et professionnelles. Light the Sky se prête particulièrement au placement de chansons dans des publicités et des séries télé. «Nous sommes conscients de cela», dit Gabriel.

«Nous n'avons plus 25 ans. Nous sommes comme une entreprise qui fait de bons produits qui s'adaptent selon le marché en allant plus loin», dit Jacques.

«Mon but est de rester inspiré et d'être un éternel enfant», ajoute Gabriel.

C'est par ailleurs avec un enthousiasme juvénile que Jacques Alphone Doucet et Gabriel Malenfant parlent «du gros light show» qu'ils présenteront au Club Soda lundi soir, puis dans plusieurs villes québécoises et canadiennes.