À mi-parcours de son 15e festival, Montréal en lumière revendique déjà le record que convoitent le plus les festivals, quels qu'ils soient, soit celui des ventes de nourriture et de boisson sur le site, qui, d'habitude, va de pair avec l'affluence, plus difficile à quantifier.

«L'événement 185 bravos, samedi soir, a attiré une foule considérable», nous disait hier Alain Simard, président fondateur de Montréal en lumière et de Spectra, la maison qui produit le grand rassemblement hivernal montréalais. «L'événement lumière» se voulait un salut aux quatre institutions culturelles qui célèbrent un anniversaire quinquennal en 2014: en effet, l'OSM a 80 ans, la Place des Arts 50, Duceppe, 40 et MEL, 15 ans. Total des années-bravos: 185.

La conception de cette «demi-heure lumière» (19h à 19h30) avait été confiée à la toute nouvelle maison 4u2c (For you to see) d'Yves Aucoin et Stéphane Mongeau, des cracks du lumineux de réputation internationale. Performance appréciée de la vaste foule, même si les artificiers ont eu à composer avec de fortes bourrasques qui ont détourné certains explosifs déflagrants par-delà le Complexe Desjardins. Ouf...

Comme d'autres firmes montréalaises de pointe - Geodezik, Turbine, Moment Factory, peut-être la plus connue -, 4u2c se spécialise dans l'imagerie 3D et les projections illusionnistes appelées en anglais video mapping, qui occupent une large place dans l'activité créative de la métropole et dans l'animation du site de Montréal en lumière. Il faut visiter le site en soirée.

Un symposium pour le 375e

D'autres villes festives comptent sur des créateurs engagés dans des explorations similaires, et Montréal en lumière travaille à un projet de rassemblement de toutes ces «lumières», si l'on peut dire. «Pour le 375e anniversaire de Montréal en 2017, nous dit Alain Simard, nous voulons organiser un genre de symposium lumière où se rencontreraient les créateurs de projections sur immeubles et de mapping video, de même que les festivals qui utilisent ces créations dans leur animation.

«Pendant quelques jours, Montréal deviendrait non seulement une vitrine pour ces spectacles - imaginez l'offre que l'on serait à même de mettre de l'avant -, mais aussi un laboratoire pour ces artistes de tous les horizons technologiques.»

Les gens de Montréal en lumière ont déjà tenu des discussions avec leurs homologues de Lyon, où se tient en décembre la Fête des lumières, Bruxelles, avec son Festival de sculpture sur glace et neige, Harbin, la plus froide des grandes villes chinoises, qui envoie ses sculpteurs sur glace partout dans le monde, et enfin Sapporo, au Japon, où sont créées chaque année plus de 400 statues de neige et de glace. Simard, justement, était l'hôte du consul du Japon, mardi soir. Pour parler de l'hiver...

Aujourd'hui, des centaines et des centaines de Montréalais vont mettre la dernière main aux préparatifs de l'une ou l'autre des 200 activités de la Nuit blanche (de samedi soir à dimanche matin), l'activité festivalière qui rassemble le plus de monde en une journée (plein de suggestions de parcours dans La Presse de demain).

Montréal, destination hivernale de choix

Sur le plan touristique, on verra plus tard comment évolue Montréal en lumière, avec son offre artistique, gastronomique et d'animation urbaine. Entre-temps, dans son numéro de janvier-février, l'édition en langue espagnole du magazine Traveler de National Geographic place Montréal en lumière au deuxième rang de ses 20 destinations «obligées» pour 2014. Lo mejor del mundo... en invierno, proclame-t-il.

Par son caractère multidisciplinaire et sa diffusion hivernale, Montréal en lumière, né il y a quinze ans de la volonté commune des trois ordres de gouvernement, occupe une place unique dans le Montréal des festivals. La marque, poussée par d'infatigables promoteurs comme Alain Simard, ne constitue toutefois que l'une des assises du projet Montréal métropole culturelle, dont on annoncera demain à l'hôtel de ville les étapes du plan d'action qui mèneront à 2017. L'année anniversaire où les lumières créatives de toutes sortes devront briller sur la métropole. Place des Festivals et au-delà, pour le 375e et après.