Le tandem mère-fille Natalie Choquette/Florence K clôture officiellement ce soir le 12e Festival Montréal en lumière. Demain, toutefois, la thématique «femmes à l'honneur» prendra une tout autre coloration alors que le duo Melissa Etheridge/Serena Ryder mettra le vrai point final au «festival en hiver» avec une ultime «soirée au féminin» à la salle Wilfrid-Pelletier.

«Nous cherchions une certaine complémentarité», nous disait Melissa Etheridge il y a deux semaines, peu avant d'entreprendre cette tournée canadienne qui, dans sa première partie, a déjà amené les deux chanteuses de Vancouver à Montréal.

On peut certes parler de complémentarité en termes générationnels: là, Melissa Etheridge, 50 ans, double lauréate du Grammy de la meilleure chanteuse rock aux États-Unis; ici, Serena Ryder, la vingtaine, Juno de la meilleure nouvelle artiste au Canada en 2008. Après la sortie de If Your Memory Serves You Well, un premier disque que Mme Etheridge avait beaucoup aimé, «à cause de sa puissance».

Une puissance que Melissa Etheridge est à même d'apprécier, elle qui, au fil des ans, en a fait sa marque de commerce: puissance dans la voix et la musique, puissance dans l'expression des sentiments et des opinions. Puissance dans le rock auquel la chanteuse est revenue avec Fearless Love - «Je suis ce que je suis/Je suis ce que j'ai peur d'être»...

Côté rebelle

Pour une militante comme Melissa Etheridge, le rock constitue-t-il un véhicule privilégié? «Le rock a toujours eu son côté rebelle», répond-elle, soulignant par ailleurs que ça lui a toujours fait du bien de crier: en langage rock, Melissa Etheridge est d'ailleurs ce qu'on appelle une screamer. Elle crie et elle fait crier... Ses adversaires autant que ses fans. Comme en 2008, quand elle a déclaré qu'elle ne paierait plus d'impôt en Californie si l'État adoptait cette loi rendant illégal le mariage entre personnes du même sexe. Notons que le président Obama a signé cette semaine un décret rendant anticonstitutionnelle la loi connue sous le nom de DOMA - Defense of Marriage Act; la Cour suprême va trancher. Entre-temps, Melissa Etheridge, figure de proue de la communauté lesbienne américaine, avoue que «politiquement», elle n'était jamais allée aussi loin.

Cette action l'a-t-elle rapprochée du titre de Miss California, une des pièces de Fearless Love? Relevant l'humour de la question, Mme Etheridge précise qu'elle avait écrit cette chanson pour son ex-femme... Don't you know what's good for me can be good for you... « À l'instar de American Woman de Burton Cummings et des Guess Who, ça ressemble à une chanson d'amour alors que, dans les faits, c'est un long cri de frustration...»

Divorce médiatisé

L'an dernier, Melissa Etheridge a entrepris les procédures pour mettre fin à son «partenariat conjugal» de neuf ans avec Tammy Lynn Michaels, 35 ans, qui a donné naissance à des jumeaux il y a trois ans. Comme dans tout divorce, il est question de garde légale et de pension alimentaire, et l'affaire, alimentée à profusion par les deux parties, fait les délices de la presse à sensation américaine. Puissance dramatique... que Melissa Etheridge embrasse d'emblée: «Oui, j'ai une propension certaine pour les affaires du genre...»

Et qu'entendront demain les fans de Melissa Etheridge - «merveilleux miroir de création» à qui elle a dédié Fearless Love? «Oh! nous allons jouer trois ou quatre nouvelles pièces, dont la chanson-titre, assurément. Nous allons aussi puiser dans le vieux matériel que connaissent mes fans canadiens qui ont toujours bien accueilli mes albums.» Pour cette tournée produite par le Montréalais Rubin Fogel - et qui se rendra jusqu'à Terre-Neuve -, la chanteuse et guitariste forme un «4-man rock'n'roll band» classique avec un guitariste, un bassiste et un batteur.

Au programme aussi: quelques pièces avec Serena Ryder - que certains observateurs appellent «Melissa Etheridge Junior» - dont la puissante Broken Heart Sun qu'elles chanteront aussi au gala des Genie du cinéma canadien, le 10 mars à Ottawa.

Demain, certaines iront à la Place des Arts pour la musique, d'autres pour le symbole de la liberté de choix dans la quête du bonheur. Melissa Etheridge essaie de rester une et entière, entre l'Art et la Vie: «Si j'aime ce que je fais, les gens vont s'identifier à ça...»

Melissa Etheridge, avec Serena Ryder en première partie; demain 20h à la salle Wilfrid-Pelletier dans le cadre de Montréal en lumière.