Deux concerts de musique, un film, des gyrophares d'auto-patrouilles, une performance de conte, du karaoke, plusieurs planchers de danse, des embouteillages aux coins de rue et une panne de métro. Notre Nuit Blanche, dans le détail.

Première escale, comme c'est devenu notre habitude à notre joyeuse expédition nocturne, le Vieux Port, histoire de prendre le pouls du festivalier et de se dénicher un de ces petits guides des 180 activités qu'on roule dans notre poche et qu'on consulte avant de se déplacer. Signe que la nuit sera fébrile, à minuit, le métro est toujours achalandé. Beaucoup d'énergie, beaucoup de jeunes qui emprunte le même trajet que nous : métro Champ de Mars.

Les embouteillages commencent du moment que les portes des wagons s'ouvrent. On zigzague, on change de trottoir, ça avance. Près de la Place Jacques-Cartier, une file interminable pour entrer au Musée Château Ramezay. « Qu'est-ce qu'il y a, là? Un club? » lance un jeune en passant. Plutôt une exposition gratuite sur « les traditions alimentaires au Québec ». Si c'est déjà plein là...

Le Vieux-Montréal à l'allure festive, c'est le cas de le dire, même si la grosse sphère n'a pas tenu le coup face aux forts vents de jeudi soir dernier. Noir de monde, beaucoup d'ados. La police est partout pour tenter de mettre un peu d'ordre dans la circulation, dense, vous vous en doutez.

Des bouteilles vides jonchent déjà le sol. On se fraie un chemin jusqu'à la distributrice de guides, puis on reste un moment face à la scène, d'où de gros rythmes techno-dance résonnent jusqu'à Longueuil. Les FM Radio Gods viennent de prendre le contrôle des platines, les gens dansent, et pas pour se réchauffer. Pas de tuque, pas de mitaines, les jeunes ne risquaient même pas la grippe tant la température était clémente (contrairement à l'année dernière). On se prend même à rêver, encore, à une nuit blanche d'été ou d'automne...

Ceci expliquant sûrement cela, la réponse du public à cette Nuit Blanche nous semble encore plus enthousiaste que par les années précédentes. Il fait beau, on sort! Nous, on quitte le parquet de danse sur les quais pour nous rendre au Cabaret du Roy, imbriqué dans la portion sud de l'immeuble du Marché Bonsecours, pour une performance condensée des Hommes à scies.

Ils sont trois sur la scène du chouette petit cabaret, plein à craquer. Nous servent, en une vingtaine de minutes, le conte d'un type né avec une grosse tête pleine d'or et de ses parents avares. L'emballage est plus captivant : pendant que Simon Gauthier récite, ses comparses Jean-Marc Massie et Marc St-Pierre, « métallurgiste autodidacte », tordent les égoïnes, frappent les tubes métalliques, font résonner un carillon de pieds-de-biche. Sitôt terminé, nous calons notre gobelet de bière et remontons vers le Club Soda.

On y arrive juste à temps, DJ Ghostbeard finit son set avec la version reggae de Billie Jean par Shinehead, les gens en redemandent et Poirier s'amène en aspergeant d'un gazole musical la foule déjà enflammée. On n'a vu que la première heure de sa performance, musclée, à fond le dancehall, , puis des bombes soca, dont les siennes, celles de l'album Running High à paraître dans quelques semaines.

Le centre-ville est effervescent... et complètement défiguré. Les tranchées creusées sur Sainte-Catherine, les pépines stationnées un peu partout, ruinent le décor. Les nuitards débordent des trottoirs pendant que les forces policières contiennent, tant bien que mal, ces débordements de foule. On retrouve un ami devant ce qu'était l'entrée de la Place des Arts, puis on file à l'intérieur de la sphère (pardon, « l'Ambiosphère »...) érigée sur une place des Festival mal aménagée - la moitiés nord de la place est inaccessible, ou sans activité.

Le film Yuga, conçu par les studios québécois Space & Dream, est un gros show de boucane audio-visuel pourvu d'une trame narrative pigée dans le bac à récupération du Cirque du Soleil. Mais puisqu'on n'allait pas voir Citizen Kane, on prend notre pied à remonter dans le temps, d'une société futuriste à l'ère des dinosaures, à grand coup d'effets spéciaux à 360°. Chouette.

Fin de parcours obligé du côté du Métropolis, où Bande à Part/Radio-Canada jouait les hôtes d'un Bal Masqué populaire. Toujours bondé, après les derniers concerts de Radio Radio (c'était l'invité surprise de 1h du matin) et Misteur Valaire, on y retrouvait une foule bigarrée de danseurs qui profitaient des rythmes de DJ Hatchmatik. Le mot s'était passé, le bal s'étirait jusqu'à 5h, c'était la destination idéale pour clore la soirée une fois que toutes les autres activités avaient jeté leurs participants sur le pavé, à 3h.

Nous ne somme pas restés jusqu'à la fin; vers 4h du matin, retour à la maison par le métro, ouvert toute la nuit pour l'occasion. Mais pas toujours fonctionnel: entre 3h30 et 4h, un « incident » a forcé l'interruption du service, alors que les quais se remplissaient de fêtards, certains pas mal éméchés, qui ont attendu leur wagon. On a terminé notre soirée comme on l'a commencé, par une ballade souterraine assez folle...