C'est la troupe de cirque de l'heure. Une compagnie formée il y a à peine deux ans par le Québécois Vincent Dubé, qui a réuni sur scène deux duos d'artistes au sommet de leur art et un musicien fantasque qui sert de trait d'union. La Presse les a tous rencontrés dans le quartier Rosemont, à quelques jours de leur première montréalaise.

Leur baptême de feu a eu lieu au Théâtre de la Bordée de Québec, en mai dernier. Machine de cirque y a présenté quatre soirs son premier spectacle en salle. Un spectacle salué par la critique de la Vieille Capitale, qui n'a pas manqué de souligner tant les «prouesses acrobatiques» du groupe que sa «folie créatrice».

Son fondateur et directeur artistique, Vincent Dubé, originaire de la région de Québec, a créé ce spectacle dans une grange de Portneuf, bien connue de la communauté circassienne. C'est d'ailleurs là-bas qu'un autre collectif de Québec, Flip Fabrique, a créé sa pièce Attrape-moi avant de connaître le succès à Montréal, Berlin et New York.

C'est exactement le dénouement qu'espère Vincent Dubé pour sa troupe entièrement masculine, qui s'apprête à investir la TOHU dans le cadre de Montréal complètement cirque. Un festival qui réunira une centaine de diffuseurs du monde entier, notamment des directeurs de festivals et des producteurs provenant d'une quinzaine de pays.

«C'est un premier spectacle, confie Vincent Dubé. En ce moment, notre objectif est de créer un réseau, une organisation. On a plein d'idées, mais on veut d'abord pousser la machine de ce premier spectacle, et après, on verra. Le but est de se faire remarquer, de faire tourner ce spectacle et, plus tard, d'en créer d'autres.»

Il y a deux semaines, le quintette a remporté le premier prix du festival de cirque Vaudreuil-Dorion, recevant des mains du fils de Charlie Chaplin, Eugène, le trophée qui porte le nom du célèbre vagabond, coiffant au fil d'arrivée des interprètes de très haut niveau venus d'Ukraine, de Russie, d'Espagne et d'Allemagne. Bref, cette Machine est sur une lancée.

Jonglerie, planche coréenne, vélo acrobatique: Machine de cirque déploiera tout un arsenal scénique fait de bric et de broc, de cordes et de poulies actionnées par des moteurs pour donner vie à ce spectacle. «Le projet Machine de cirque est vraiment parti de mon désir d'intégrer ma formation d'ingénierie et mon background en cirque», précise Vincent Dubé.

Le directeur artistique ne s'en cache pas: Machine de cirque est un «show de gars». «On a imaginé le spectacle comme si c'était cinq gars reclus qui ont vraiment dû apprendre à pallier l'absence de femmes. À se soutenir et à se rapprocher les uns des autres. Notre spectacle explore les différentes nuances des relations masculines. Ça parle beaucoup de camaraderie.»

Réunion de deux duos

Mais qui sont les membres de cette machine de cirque bien huilée? Vincent Dubé, artiste de cirque depuis 24 ans, s'est d'abord tourné vers son jeune frère Raphaël, membre du duo Les beaux-frères avec Yohann Trépanier (ils sortaient avec des soeurs jumelles!). Les deux acrobates sont passés par les écoles de cirque de Québec et de Montréal.

Raphaël et Yohann, deux jongleurs redoutables également capables de jouer la comédie - ils ont un numéro de serviettes drôlissime qu'ils ont adapté pour ce spectacle - se sont d'abord adjoint les services de Fred Lebrasseur, multi-instrumentiste que l'on connaît grâce à sa collaboration avec le Théâtre des confettis.

Une fois ce noyau dur formé, Machine de cirque s'est tourné vers des amis qui ont connu un début de carrière foudroyant: Maxim Laurin et Ugo Dario. Les deux jeunes hommes se sont connus à l'École nationale de cirque de Montréal où ils se sont spécialisés en planche coréenne avant de former le duo Baskultoo.

Dès leur sortie de l'École, ils ont joué dans Séquence 8 des 7 doigts de la main, où ils se sont fait remarquer pour leur numéro de bascule à la fois périlleux et émouvant. Une aventure qui aura duré près de trois ans, avant de prendre fin cette année.

Ce duo de bascule convoité, qui a sauté pour le Cirque du Soleil et remporté l'or au Festival mondial du cirque de demain à Paris, avait envie de plonger dans l'aventure de la création.

Le défi de Vincent Dubé a donc été essentiellement de créer des numéros à quatre, tout en intégrant les spécialités de chacun.

L'autre défi du directeur artistique, qui fait lui-même partie du duo Les vitaminés, est de garder près de lui ces quatre bêtes de cirque qui sont sollicitées par de nombreuses compagnies.

«Je suis conscient de la chance que j'ai, nous dit Vincent Dubé. Je veux les faire jouer le plus possible. Après Montréal, on va à New Haven, au Connecticut. Ensuite, on va présenter une version cabaret du spectacle en Allemagne pendant 10 mois, alors je suis sûr de les garder avec moi pendant au moins un an! Si tout va bien, après, on pourra tourner ailleurs dans le monde et poursuivre notre chemin.»

À la TOHU du 8 au 12 juillet, dans le cadre de Montréal complètement cirque.