Le nom de la compagnie et de son spectacle éponyme est un clin d'oeil au Cirque du Soleil. Dans ce spectacle créé en 2009, les deux clowns irlandais Jaimie Carswell et Nancy Trotter aspirent en effet à l'excellence de notre cirque national, mais n'y parviennent tout simplement pas, chacun de leurs numéros «végétaux» frôlant la catastrophe. Discussion débridée avec des clowns professionnels.

Ils ont été formés dans la célèbre école de clowns parisienne Jacques Lecoq. D'où le français plus que convenable de Jaimie Carswell, qui nous a parlé de sa ville de Sligo, en Irlande, la semaine dernière, en compagnie du metteur en scène espagnol Pablo Ibarluzea, lui aussi diplômé de Jacques Lecoq.

Un an après la fin de leurs études, en 2007, Jaimie Carswell et Nancy Trotter ont fondé cette compagnie insolite et créé, en 2009, un spectacle délirant avec pour seuls accessoires une chaise et un bac rempli de légumes. Le fruit de leur travail n'a pas tardé à être récompensé. Le spectacle a notamment remporté les honneurs aux festivals Fringe de Dublin et d'Édimbourg. La performance du Cirque de légume à Montréal est une première en Amérique du Nord. Suivra un arrêt à New York, qui portera à 1000 le nombre de représentations du duo.

Donc, la référence au Cirque du Soleil est sérieuse? «Oui», répondent Jaimie Carswell et Pablo Ibarluzea en riant. «On voulait s'amuser avec ça. Dans le spectacle, nos deux clowns prétendent faire comme eux, mais ils n'y parviennent pas, précise Jaimie Carswell. Ils voient l'extrait d'un spectacle du Cirque du Soleil sur YouTube et se disent qu'ils pourraient reproduire des numéros de cirque avec leurs légumes. Évidemment, rien ne fonctionne comme prévu. C'est un peu stupide, mais ça fonctionne très bien pour nous!», dit-il en s'esclaffant.

Le mandat du tandem: construire un spectacle universel avec des légumes de toutes sortes, symboles de notre plat quotidien. «Nous voulions les transformer en quelque chose de magique!», poursuit Jaimie Carswell. Pommes de terre, choux, oignons, poireaux, betteraves, carottes, courgettes: tous les gags trouvent leur source dans l'un ou l'autre de ces légumes. La première chose que font les artisans du Cirque de légume en arrivant dans une nouvelle ville est donc de faire leurs courses. Ici, ils ont été dirigés vers le marché Jean-Talon.

Effeuillage de l'oignon

Un exemple de numéro? Celui du cheval espagnol dressé par son maître. Le dresseur y va de coups de poireaux - en lieu et place d'une cravache -, tandis qu'à chaque exécution, le cheval se voit remettre des carottes. Mais voilà, le dresseur ne cesse de récompenser son cheval, au point où celui-ci s'enfile les carottes à un rythme effréné, jusqu'à ce qu'il soit souffrant. «C'est une façon de montrer la stupidité humaine, indique Pablo Ibarluzea. Mais il n'y a pas de thème ou de morale, on a juste voulu s'amuser avec des légumes! On espère que les gens verront les légumes différemment.»

Dans un autre numéro, Nancy Trotter présente «le striptease de l'oignon». Mais elle va toujours trop loin et finira par jeter l'oignon dans l'assistance. En fait, tous les légumes finiront par joncher le parterre de la scène... «Aucun ne survit au spectacle.» Jaimie Carswell, lui, joue le clown qui tente toujours de sauver la mise. «Les deux clowns sont très différents, explique Pablo Ibarluzea. Lui a un costume plus classique, plus sobre; elle, plus naïve et plus idiote, porte des vêtements plus colorés. Elle veut devenir une vraie star. Mais les deux portent le nez de clown.»

Présenté comme «The Greatest Vegetable Circus on Earth», le duo clownesque ne manque pas d'humour. Ni de discipline. «Nous voulons donner l'impression que les clowns improvisent. Mais pour ça, il faut créer une structure solide, explique Pablo Ibarluzea. Chaque pas est calculé. Après, il y a des échanges avec le public. On peut toujours se permettre d'improviser, mais les numéros sont soigneusement planifiés. Par exemple, si la foule encourage le dresseur à donner plus de carottes au cheval, il le fera...»

Inspiré par le clown anglais Tommy Cooper, Jaimie Carswell a pour autres références des figures du passé. The Marx Brothers, Buster Keaton, Charlie Chaplin, ces modèles sont une source d'inspiration intarissable pour lui. «Nous avons fait beaucoup de recherche pour créer ces personnages de clowns, dit-il. On a puisé dans tout ce qu'on a vu pour jouer des personnages qui nous correspondent. Nous espérons que les spectateurs se retrouveront un peu dans toutes ces idioties! Les clowns peuvent toucher les gens de cette façon.»

Du 13 au 15 juillet au Lion d'or. Détails: www.montrealcompletementcirque.com