Du théâtre populaire à grand déploiement où l'action et le rire prennent beaucoup de place. Les trois mousquetaires rassemblent au TNM tous les ingrédients d'un succès estival garanti.

La présentation de la comédie d'aventure coproduite par le festival Juste pour rire et le Théâtre du Nouveau Monde fait rire et bondir. Et même si ce spectacle ne se déroule pas toujours dans la plus grande subtilité, il fonctionne parfaitement à l'intérieur du cadre de divertissement de haut niveau qu'il s'est fixé.

Le texte de Pierre-Yves Lemieux, d'après celui d'Alexandre Dumas (la nuance est importante), et la mise en scène de Serge Denoncourt privilégient le point de vue d'un garçon qui lit Alexandre Dumas avant de s'endormir. Toute la première partie de la pièce doit être vue sous cet angle du fantasme enfantin masculin, léger et débordant de rebondissements.

Serge Denoncourt a créé une mise en scène des plus dynamiques où le rythme est soutenu d'un bout à l'autre de la première partie. Il a su soutirer le maximum d'un groupe de comédiens qui partagent un évident plaisir à se rouler dans une cascade de rires et de théâtre très physique.

Distribution impeccable

L'intrigue est connue. D'Artagnan se rend à Paris dans le but de se joindre aux mousquetaires du roi Louis XIII. Avec l'aide de ses trois coéquipiers, il réussira à déjouer, en partie, un complot opposant le cardinal de Richelieu et sa complice Milady de Winter à la reine Anne et à son amant, le duc de Buckingham.

Véritable révélation dans le rôle de d'Artagnan, le jeune Philippe Thibault-Denis démontre un aplomb et une justesse incroyables, passant du parler québécois à celui de Gascogne sans coup férir. Ses compagnons mousquetaires, Éric Bruneau en sombre Athos, Guillaume Cyr en jovial Porthos et Benoît McGinnis en donjuanesque Aramis, composent également des personnages bien définis et tout à fait crédibles.

Du côté féminin, Julie Le Breton est une Milady de Winter perfide à souhait. Sans une once de bonté, mais sous des dehors charmants, cette femme brillante ensorcelle tout le monde sur son passage, jusqu'à pousser au fanatisme religieux meurtrier le crédule Felton (Xavier Huard).

Parmi les rôles de soutien, mentionnons les performances de Mani Soleymanlou (Planchet, le valet de d'Artagnan), Jean-Moïse Martin (Rochefort, homme de main du cardinal), Benoît Landry (Louis XIII) et François-Xavier Dufour (duc de Buckingham).

Malgré des passages caricaturaux et certaines blagues faciles, tous les interprètes contribuent au tableau d'ensemble résolument léger.

La deuxième partie, plus courte mais plus lente, se concentre sur la portion dramatique du récit. Les masques tombent, les bons se montrent courageux et les méchants sans merci. Et l'on retrouvera à la fin le petit garçon du début, amoureux fou de son personnage de d'Artagnan, comme il se doit.

Réglé au quart de tour

Il aura vécu des aventures rocambolesques, soutenues par des scènes de combat et des effets spéciaux impressionnants (lancer de couteau, pluie et pistolets) au sein d'un décor pivotant sur lui-même, d'une grande ingéniosité, de Guillaume Lord. Les costumes de François Barbeau sont également de toute beauté.

Avec une telle équipe, difficile de rater son coup. En outre, la distribution est menée de main de maître par un metteur en scène qui sait aussi bien peaufiner l'interprétation que chorégraphier des mouvements de groupe. Évidemment, après avoir goûté à la grande finesse de Cyrano du même Serge Denoncourt l'an dernier, il nous faut admettre que le texte de cette adaptation ne saurait rivaliser avec la plume brillante d'Edmond Rostand.

Mais nous ne boudons pas notre plaisir devant une mécanique réglée au quart de tour qui nous emporte dans un tourbillon à grand déploiement comme on a rarement la chance d'en voir au Québec.

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De Pierre-Yves Lemieux, d'après le roman d'Alexandre Dumas. Mise en scène de Serge Denoncourt. Au TNM jusqu'au 20 août.