Pour sa 11e animation d'un gala Juste pour rire, Laurent Paquin a encore une fois réussi sa mission, samedi soir à la Place des Arts, avec un spectacle sur le thème des épais qui a beaucoup plu au public, même s'il y a eu du bon et du moins bon.

Le défi n'était pas simple, puisqu'il fallait parler de la bêtise humaine sans arrogance, sans sentiment de supériorité et sans tomber dans le trivial. Laurent Paquin y est parvenu en concoctant un gala sans prétention et la plupart du temps plaisant.

Après la rituelle vidéo d'introduction dans laquelle l'animateur se fait traiter d'épais par un Gilbert Rozon suffisant à souhait, le gala débute sur un quiproquo, une scène de comédie musicale champêtre - avec des fermiers et des personnages déguisés en épis de blé d'Inde - concoctée par un « directeur artistique » qui a confondu les épis et les épais...

Une fois cette peu subtile entrée en matière digérée, Paquin présente un monologue sur le thème de la soirée, avec un de ses textes dont il a le secret, bourré de réflexions sur les insignifiances qui peuplent la vie, brodant sur les épais, que ce soit les cabochons (les « niaiseux rustiques »), les idiots, les caves, les innocents, les morons ou « les partisans des Bruins »... Pour finalement conclure qu'on est tous plus ou moins épais. Pas de chicane dans la cabane.

Premiers invités, Dominic et Martin ont demandé au public qui était le plus épais des deux, ce qui a permis au duo d'enchaîner une suite de jeux de mots dans leur plus grande tradition. Sympathique.

La jeune Virginie Fortin leur a succédé avec un numéro dont on se demande ce qu'il faisait là. Pas sûr qu'un sketch sur la masturbation, la gastro, « un oiseau qui te chie dessus », le « caca sec » et notre utilisation régulière expliquée en détail du papier de toilette ravira l'auditoire du réseau TVA l'hiver prochain. Dommage. Et quel rapport avec les épais? C'est la ficelle qui était épaisse.

En revanche, André Sauvé a fait l'unanimité et récolté la première ovation avec son sketch d'un fonctionnaire qui explique à l'immigrant comment s'intégrer au pays. Du grand Sauvé avec ses habituels mots d'esprit. Simon Leblanc a suivi en nous parlant d'un souvenir de classe, un élève un peu brutal à qui il a voulu donner le premier « K.-O. rectal de l'histoire ». Pas toujours drôle, mais on lui pardonne en raison de son expressivité et de son énergie sur scène.

Numéro de groupe assez commun ensuite avec Stéphane Fallu et Sylvain Larocque partis voir une rencontre de hockey avec Laurent Paquin. Texte assez primaire.

On l'avait déjà vu en coccinelle, Pierre-Luc Pomerleau a mis ensuite la salle dans sa poche avec un humour efficace, un bon débit et un sens de la chute salués par la deuxième ovation de la soirée. Pas mal pour un premier gala Juste pour rire...

Mais c'est P-A Méthot qui a eu droit à la plus généreuse réaction du public après une succession de blagues bien senties sur les épais d'ici et d'ailleurs. Très ému, il est parti en claudiquant, s'étant foulé la cheville après avoir déménagé « en gougounes ». Véridique! « Assez épais, merci », a-t-il reconnu!

La partie que La Presse a préférée (à en rire aux larmes) est le sketch de François Bellefeuille en prêtre, un numéro dans lequel il explique que « l'Église a pus une câlisse de cenne et même pus de calices »! Son texte était très riche, brillant et drôle, sauf peut-être la chute, moins peaufinée, ce qui ne l'a pas empêché d'avoir lui aussi son ovation.

Dans le dernier numéro, Laurent Paquin, Jérémy Demay et P-A Méthot ont poussé la chansonnette à la guitare sur les épais. Une chute, là aussi, plutôt moyenne, mais le public ne leur en a pas tenu rigueur puisqu'il s'est levé une dernière fois pour exprimer sa satisfaction. Un autre succès pour Laurent Paquin sur la scène de Wilfrid-Pelletier.