Pas mal, pas mal. Anne Roumanoff n'avait pas convaincu lors du gala animé par Stéphane Rousseau, samedi dernier, mais elle a pleinement réussi la première de son spectacle Anne (Rouge) Manoff, ce mercredi soir au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts.

Pleinement, car sur la durée, l'humoriste française parvient à installer une belle atmosphère comique où les jeux de mots sont punchés toutes les deux phrases. Une belle présence sur scène et un texte intéressant, varié, fin et drôle à la fois sur des sujets très actuels et qui concernent autant un public français que québécois.

Un texte qu'elle a adapté pour le Québec avec Stéphan Bureau, Nicolas Pinson et Pierre-Bruno Rivard.

Elle a d'abord dit être très heureuse de visiter «nos colonies» puis elle a planté le nouveau président français François Hollande, «symbole de la gauche molle». «Avec Dominique Strauss-Kahn, on aurait eu la gauche raide!», a-t-elle lancé. Elle a aussi visé Nicolas Sarkozy en le traitant de menteur un peu plus tard... avant de lancer ensuite : «Sarko reviens, les riches s'ennuient de toi!»

Dans son premier sketch, elle a fait des blagues sur les habitudes de notre époque, Facebook, le iPhone, l'alimentation naturelle pour maigrir, même si ce n'est pas toujours bon, l'obsession de rénover nos intérieurs ou la consultation de psychologues pour un oui ou pour un non, y compris pour les enfants.

Puis, dans un numéro drôle et mordant, elle se moque des banques qui font des profits sur le dos des épargnants, qui facturent «4 euros la minute» quand on appelle pour un renseignement et en plus font faire leurs services téléphoniques au Maroc ou en Inde!

Ensuite, elle s'est transformée en enseignante qui fait la morale à des élèves qui s'appelaient Sarkozy. Strauss-Kahn, Le Pen, Hollande, etc... Savoureux.

Puis, très bon sketch sur la qualité du français chez les jeunes et leur manque de connaissances, quand ils mélangent tout, situant le débarquement de Normandie en Angleterre ou quand ils pensent que Notre-Dame de Paris a été écrit par Luc Plamondon!

«Avec les enfants ce n'est pas la fabrication, c'est le service après-vente le problème», dira-t-elle plus tard.

Intéressant ce passage plus sérieux sur le racisme quand elle parle des gens qui disent «Je ne suis pas raciste mais...il faut bien reconnaître que...». «Tous les racistes ne prendront pas une arme pour faire du mal mais tout commence toujours par une pensée», a-t-elle glissé.

A deux reprises, elle fait appel à des spectateurs pour participer à un sketch, dont une fausse émission voyeuriste de télévision sur les pratiques sexuelles avec cinq personnes qui ont joué le jeu à merveille. Bon moment.

Son poème en prose sur «son» Je me souviens était de toute beauté. Inventif, vrai, sensible, généreux, très lucide et longuement applaudi par le public, debout. C'était mérité.

Très émue, elle a remercié le public québécois et Gilbert Rozon de l'avoir toujours soutenue en 25 ans de carrière.

Après le spectacle, Anne Roumanoff a dit à La Presse qu'elle était inquiète depuis deux jours. «Il y avait heureusement un bon public et ça s'est très bien passé», a-t-elle dit avant de se prêter au rituel photographique des fans.

Anne Roumanoff présente ce spectacle en avant-première de sa rentrée parisienne, le 2 août au Théâtre du Palais-Royal.

En première partie, le sympathique Comte de Bouderbala a fait belle impression pour sa première apparition au Théâtre Maisonneuve.

«Les Québécois sont très sympathiques, a-t-il dit. J'ai vu une dame se faire piquer son sac aujourd'hui, et elle a dit vous êtes bienvenu!»

Anne (Rouge) Manoff

Théâtre de Maisonneuve

Ce soir et demain soir, 20h