En visite pour la première fois au Québec, l'humoriste français Kheiron présente Libre éducation, son premier spectacle de monologuiste, dès ce soir aux Katacombes, dans le cadre du festival Zoofest. Une première qu'il aborde avec la fierté de se produire devant «un public de connaisseurs».

«Je suis très content de venir jouer au Québec durant deux semaines, dit Kheiron. Je suis cinq soirs au Zoofest, un soir sur une scène extérieure et dans deux galas Juste pour rire. J'en suis fier, car chaque producteur est venu voir mon show à Paris et a décidé de me programmer.»

Né en Iran de parents intellectuels, Kheiron a fui le régime islamiste avec sa famille lorsqu'il était bébé. La famille Tabib s'est s'établie d'abord en Turquie puis en France alors qu'il n'avait pas encore 2 ans.

«Je me considère Français, dit-il. Mes parents n'ont jamais voulu me mettre dans un carcan communautaire iranien. Je parle couramment persan et j'ai quelques petites bribes qui me rattachent à mes origines, mais je n'ai pas encore pris le temps de découvrir mon côté persan!»

Âgé de 29 ans, il a abandonné ses études... deux semaines avant de passer son baccalauréat. «Pour mes parents très diplômés, politisés et réfléchis, qui ont dû repartir de zéro lorsqu'ils sont arrivés en France comme réfugiés politiques, ça a été un drame», dit-il.

Alors qu'il était veilleur de nuit dans la capitale parisienne, en 2006, il a passé avec succès une audition au Jamel Comedy Club. L'aventure de l'humour a ainsi commencé.

Depuis, il a gravi l'échelle de la notoriété, marche après marche. Il passe à la télé en 2007. Il présente en 2008 Du Coq à Light, spectacle où le rap est très présent. Il s'essaie à l'humour de groupe en 2011 avec le Bordel Club et il participe à la websérie Bref. Des essais qui l'ont mené au stand-up, le genre où il se sent le plus à son aise.

Tout en faisant ses premiers pas en humour, Kheiron a passé quatre ans à aider des décrocheurs à reprendre le chemin de l'école. Il faut bien gagner sa vie! Et il a toujours eu un côté éducateur. «Depuis l'âge de 15 ans, j'ai beaucoup travaillé auprès des enfants, comme animateur ou dans les centres de loisirs. À 15 ans, j'avais l'air d'en avoir 5 de plus, alors je m'occupais de jeunes de 14 ans!»

L'éducation est naturelle quand on s'appelle Kheiron. Dans la mythologie grecque, Kheiron était un centaure réputé pour sa sagesse qui fit l'éducation de nombreux personnages héroïques tel qu'Achille. Kheiron vient donc présenter à Montréal Libre éducation, le spectacle qu'il a lancé à Paris au début de l'année. Il le décrit comme un «match de boxe».

«Le public doit sortir en ayant mal aux genoux! dit-il. C'est un concentré de mes blagues qui ont le plus marché depuis cinq ans.»

Parfois choquant, mais toujours juste, Kheiron dit aimer improviser et interagir avec le public, quitte à s'en prendre à un spectateur dont le téléphone sonne ou qui part aux toilettes. «Je le fais sans méchanceté et sans exclure la personne. Je ne la casse pas gratuitement. Je taquine, je chambre, mais je préfère inclure qu'exclure.»

Amateur de Pierre Légaré

Fan de l'humoriste américain Chris Rock et de son style prêcheur, Kheiron ne fait pas d'humour engagé. «Je veux juste être drôle et que mes blagues aient du rythme, dit-il. Comme le fait Chris Rock, voire Jerry Seinfeld quand il nous fait rire en parlant d'un simple objet pendant un quart d'heure.»

Kheiron adore aussi Pierre Légaré et ses lignes de punch. Fier d'être à Montréal pour les 30 ans de Juste pour rire, il a hâte d'avoir l'avis du public québécois sur son travail.

«En France, on a l'impression qu'au Québec, on ne peut pas vous mentir et espérer que vous applaudissiez. Vous avez un respect de l'artiste. Vous êtes réputés de par le monde comme étant un public de connaisseurs. Et vous avez la culture du stand-up. Alors, je suis ravi!»

Si son pendant mythologique a finalement été transformé en constellation par Zeus, Kheiron espère bien, lui aussi, briller dans le ciel de Juste pour rire...

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Libre éducation au bar Katacombes, du 9 au 13 juillet