Oui, Paul-André Fortier a 70 ans et présente un «solo» au FTA - sa toute dernière création avec Fortier Danse-Création, qui cessera ses activités en décembre, a-t-il annoncé. Mais, malgré les apparences, Solo 70 n'est pas à propos de lui, assure-t-il.

D'abord, cette nouvelle création est un «faux» solo. Sur scène, ils sont trois: Fortier le danseur, Étienne Pilon l'acteur et Jackie Gallant la musicienne. C'est que Solo 70 est né d'un «désir de travailler avec une autre génération». 

«Je me suis dit que ça pourrait être une aventure intéressante, pour mon dernier solo, de confronter ma pratique d'expérience avec d'autres pratiques», détaille celui qui, s'il ferme sa compagnie, compte bien continuer de s'exprimer comme créateur.

Au cours de sa longue carrière, Fortier a souvent fait appel à des artistes issus d'autres disciplines. Pour son chant du cygne, il avait envie de travailler avec deux jeunes créateurs qu'il admire: le peintre, documentariste et écrivain Marc Séguin, qui signe la scénographie, et le dramaturge Étienne Lepage, qui est coauteur de la création avec Fortier. Il a ensuite pensé à Étienne Pilon et Jackie Gallant pour l'accompagner sur scène.

«J'ai pris le téléphone... Et tout ce beau monde a dit oui!», lance-t-il.

Des gens qui ne se connaissaient pas et n'avaient jamais travaillé ensemble. Un risque, donc, mais qui s'est révélé payant, car dès la première répétition, le courant est passé entre les trentenaires et Fortier, qui avait préparé pour eux un solo de 30 minutes. «Je n'ai jamais eu un trac aussi grand!»

Un courant où la différence générationnelle ouvre les perspectives. «Évidemment, ils ne portent pas le même regard que moi sur le spectacle de scène, la danse, l'habillement...»

«Je suis vraiment un dinosaure pour eux! Mais on apprend les uns des autres; il y a une circulation entre nous et chacun est obligé de voir le monde à travers les yeux de l'autre. C'est un peu déstabilisant pour tout le monde!»

Au bout du compte, tout ce beau monde a accouché d'une création «assez surprenante», qui s'amène à Montréal après avoir été présentée en première mondiale à Paris, au Théâtre national de Chaillot, la semaine dernière.

Fortier, personnage principal aux airs d'immortel, évolue sur son orbite dans un univers scénique blanc et minimaliste et se heurte à ces deux autres protagonistes issus d'un tout autre espace-temps. «Il y a des punchs, des tensions... Le clash générationnel ne peut pas ne pas arriver, donc ça arrive!»

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À l'Espace Orange de l'édifice Wilder du 1er au 3 juin, dans le cadre du Festival TransAmériques.