Après avoir combiné théâtre et opéra dans l'oratorio Le vin herbé à l'Arsenal l'an dernier, Hubert Tanguay-Labrosse, codirecteur artistique et directeur musical de la compagnie BOP, a choisi de marier musique classique et danse contemporaine dans Quatuor pour la fin du temps. Retour sur la genèse d'un spectacle créé sous le signe de la collaboration entre quatre musiciens et quatre chorégraphes et présenté ce soir et demain sur la scène de la salle Pierre-Mercure en clôture de l'OFFTA.

Animés par leur désir de sortir la musique classique de sa zone de confort et exaltés à l'idée de retravailler avec Dave St-Pierre, Hubert Tanguay-Labrosse et Alexis Raynault, cofondateurs de la compagnie BOP (Ballet-Opéra-Pantomime), ont choisi de mettre sur pied un spectacle multidisciplinaire inspiré de l'oeuvre mythique du compositeur français Messiaen. «Non seulement Dave a accepté, mais il a recruté trois autres chorégraphes et interprètes pour travailler avec lui sur le projet», se réjouit Hubert Tanguay-Labrosse. Karina Champoux, Anne Thériault et Frédéric Tavernini évoluent ainsi aux côtés de Dave St-Pierre face au quatuor de musiciens classiques sur scène.

«On a beau s'intéresser à la danse, ce n'est pas un univers que l'on connaît. On n'entend pas la même chose dans cette musique-là. C'est déjà vrai entre musiciens, mais encore plus avec des danseurs», confie Hubert Tanguay-Labrosse.

Ouvrir l'imaginaire

«Il existe un rapport assez particulier entre danse contemporaine et musique classique. En danse contemporaine, on ne va pas suivre la musique avec un mouvement dansé. On va même très souvent à l'opposé, observe quant à elle la danseuse et chorégraphe Karina Champoux. On va tendre vers le performatif, même s'il va y avoir de la danse plus écrite ou improvisée.»

«La musique classique est plus formelle. Nous, on va faire exploser un peu les formes, partir dans l'imaginaire.»

Danseurs et musiciens ont pourtant trouvé une manière de communier sur scène à travers les dessous de la création de l'oeuvre de Messiaen, composée dans un camp de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale. «Il y avait un officier allemand qui aimait beaucoup la musique et qui savait que Messiaen était compositeur. Il lui a permis d'écrire cette pièce avec quatre autres prisonniers, d'où la formation piano, violoncelle, clarinette et violon qui est assez atypique», explique Hubert Tanguay-Labrosse à propos de Quatuor pour la fin du temps, oeuvre standard de la musique classique inspirée de l'Apocalypse de saint Jean.

Chaque interprète a ainsi trouvé une résonance entre son univers chorégraphique et les propos de cette oeuvre à la fois très imagée et méditative. «Il y a une part d'ombre, mais aussi de lumière dans cette pièce. Ça ouvre l'imaginaire. On travaille autant avec le macro que le micro, avec le cellulaire que le cosmos», précise Karina Champoux, qui a particulièrement été inspirée par les couleurs que Messiaen utilisait pour parler de son oeuvre, tout comme le vidéaste Alexandre Huot chargé des projections vidéo sur les corps des interprètes.

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Quatuor pour la fin du temps, ce soir et demain à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Hubert Tanguay-Labrosse, codirecteur artistique et directeur musical de la compagnie BOP, et Karina Champoux, danseuse et chorégraphe