Pleuvait-il des cordes ? Nenni. Vendredi soir, il pleuvait des câbles pendant la plus ambitieuse soirée de hip-hop québécois présentée gratuitement aux FrancoFolies. C'était le déluge pour le rappeur Koriass et son gros orchestre assorti d'invités spéciaux. Ne manquait qu'une arche pour s'embarquer vers la terre promise !

Étonnamment, des milliers de parapluies et d'imperméables s'étaient massés au pied de la scène Bell. Dans de telles conditions météorologiques, ç'aurait pu être le désastre, sur la place des Festivals. Ce ne le fut pas. Les organisateurs affirmaient n'avoir jamais vu autant de monde sous de telles averses. N'exagérons rien, mais... il y avait bel et bien un public fervent... et coriace pour Koriass.

Pour celles et ceux qui avaient pris soin de s'équiper pour l'occasion, il y avait lieu d'assister à un spectacle fort bien rodé, avec une douzaine de musiciens à l'appui du rappeur, une section de cuivres, une section de cordes, sans compter les platines. De surcroît, une scénographie léchée, des éclairages conçus avec goût, une paire d'écrans géants pour faire le lien avec ce qu'on voyait au loin. Un vrai show !

Rap et pop unifiés

Sous la gouverne d'un Koriass rigoureusement préparé (l'an dernier, il faut le dire, il avait déjà mené une expérience comparable au Club Soda), le rap local et la pop locale unifiés nous ont presque fait oublier la flotte qui nous dégoulinait dessus.

Et Karl Tremblay des Cowboys Fringants qui vient chapeauter un mashup des Étoiles filantes et de Supernova. Et Karim Ouellet qui vient chanter sur L'hiver en plus d'entonner une inédite - Trente, pluvieuse et spleenesque. Et le trio Loud Lary Ajust qui vient nous balancer son Rap Queb. Et la découverte Safia Nolin qui vient pousser des mélodies de son cru, bien senties. Et qui lance Ave Mucho aux troupes en liesse.

Difficile d'imaginer plus gros programme hip-hop d'ici destiné à un public de masse. Si les étoiles avaient été au rendez-vous, ç'aurait été tout un triomphe !

Or, même dans ce contexte défavorable, on a pu contempler ces portraits hyperréalistes dressés par ce rappeur loquace, portraits d'un quotidien archi moyen, de l'adversité que doivent affronter les humains de sa génération, des espoirs déchus et aussi des petites victoires. Vendredi soir, on était sur la place des Festivals, mais aussi à Montréal-Nord ou à Saint-Eustache, on était au boulot qu'il faut bien garder malgré le rêve qu'on a de vivre de son art.

Vendredi, on était dans le monde selon Koriass, dans sa Rue des Saules.