Un jeudi soir de beau temps après une journée à la météo incertaine. Un groupe festif qui «feel zoo» et qui invite la foule dans son «jacuzzi». C'est tout ce qu'il faut pour attirer une foule compacte à la soirée d'ouverture des FrancoFolies et la convaincre que sa visite dans le Quartier des spectacles valait vraiment la peine.

Après discussion avec des spectateurs, ce n'est pas seulement «l'événement» qui a rassemblé beaucoup de gens pour le coup d'envoi des FrancoFolies. Le groupe Radio Radio y était pour beaucoup.

Gabriel Malenfant et Jacques Doucet arpentaient la scène en bondissant, accompagnés d'un guitariste, d'un batteur et d'une trompettiste à la force de frappe d'une redoutable efficacité.

On a toujours su que l'on pouvait compter sur Radio Radio pour alimenter le feu d'un party. Mais hier, force était de constater que le duo - autrefois trio - électro-rap chiac a su devenir au fil de ses quatre albums l'une des grandes valeurs rassembleuses sûres au Québec. Les bras se levaient et les hanches se balançaient instantanément aux premières notes des tubes Ej feel zoo, Dekshoo et Enfant spécial. Et les sceptiques avaient de quoi être confondus.

Commençons par le début de la soirée, car sa réussite cinq heures plus tôt a fait en sorte que la foule est restée nombreuse jusqu'à la fin.

Alors que la météo avait été incertaine depuis le matin, le soleil était fidèlement au poste à 18h pour le coup d'envoi des FrancoFolies.

On comprend le soleil d'être resté. Il est difficile de quitter un spectacle de Pierre Kwenders. Sur scène, le chanteur originaire de la République démocratique du Congo incarne la chaleur d'une soirée musicale qu'on voudrait sans fin. Notamment sur scène avec lui, hier soir, le percussionniste Julien Sago (Karkwa) et Jacobus (alias Jacques Doucet) de Radio Radio, le temps de leurs duos Mardi gras et Ani kuni.

Aussi au menu, du rap, de l'électro, des chansons explosives, de la musique traditionnelle africaine transplantée dans la pop de Montréal et un interprète qui mange la scène avec sa jupe carreautée qui surplombe ses pieds nus. Pierre Kwenders est plus qu'un buzz. La scène musicale de Montréal est privilégiée de le compter dans ses rangs.

Nous avons croisé au sein de la foule beaucoup de gens heureux de le découvrir, hier soir. Des gens venus pour Radio Radio. «Je ne le connaissais pas du tout et j'ai trouvé ça très cool de le découvrir», nous a dit Stéphanie Rousseau, une queue de castor chaude dans la main.

«Il est divertissant et il a un bon beat. L'artiste parfait qu'on ne connaît pas et qui lance une soirée», a renchéri Gabrielle Clément. «Super dansant pour réchauffer une foule», a ajouté Mylène Parent. Radio Radio justifiait la visite de Gabrielle, hier, alors qu'Alfa Rococo avait gagné le coeur de Mylène.

Pierpoljak

Pierpoljak suivait notre coup de coeur partagé de la soirée. Pierpoljak qui? Il ne fallait pas poser la question aux nombreux spectateurs de l'Hexagone présents (dont le poids démographique grandissant à Montréal doit peser dans la balance, quand un programmateur bâtit la grille horaire de son festival).

Pierpoljak est le rasta le plus célèbre de France. Il se produisait hier aux FrancoFolies pour la première fois depuis 15 ans. Son album platine Kingston Karma, sorti en 1998, a connu beaucoup de succès de l'autre côté de l'Atlantique.

Le musicien français amoureux de la Jamaïque a lancé en mars dernier un nouvel album intitulé Général Indigo. De ce dernier, il a interprété Un automne à Paris et Rub A Dub, outre d'autres titres plus connus, Police et Je sais pas jouer.

Alfa Rococo suivait à 20h. Le duo a offert au public un spectacle électro-pop-rock en crescendo. Le ton chaleureux du début du spectacle s'est mis à pétiller avec Lever l'ancre et la pièce-titre du nouvel album.

À la fin du spectacle, alors que la nuit tombait, la jupe rayée de la chanteuse s'est illuminée. Avec son compagnon David Bussières à la guitare à ses côtés, elle bondissait sur scène avec son tambourin au son de Bang Bang et de Plus rien à faire. Une belle finale rassembleuse, rock et dansante, qui a mis parfaitement la table pour Radio Radio.

«À Montréal, il y a une grande culture francophone et c'est grâce à vous qui allez voir des spectacles», a lancé à la foule David Bussières plus tôt dans la soirée.

Que dire de plus, sinon que les FrancoFolies se poursuivent jusqu'au 20 juin.