La fièvre U2 qui a frappé Montréal ce week-end avait un équivalent à l'autre bout de la 20: Elton John. Peu après 21h, samedi, l'artiste dont tout le monde parle depuis des jours à Québec est apparu sur la gigantesque scène des plaines d'Abraham. Devant lui, une foule monstre et enthousiaste s'étendait à perte de vue. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, assurément.

La venue de l'excentrique chanteur britannique - désormais assagi, bien sûr - est l'un des événements majeurs du Festival international d'été de Québec, qui se tient jusqu'au 17 juillet. Metallica, attendu samedi prochain, est l'autre méga spectacle au programme cette année.

Un espace de l'envergure des plaines demande des chansons à sa mesure. Elton John avait exactement ce qu'il fallait pour faire vibrer la place: un plein catalogue de succès à cheval entre rock, soul, blues et pop au tracé narratif dramatique parfois mélo, mais rarement empathique au point de devenir grandiloquent.

Sir Elton et son groupe (sept musiciens et quatre choristes) ont d'emblée affiché un très bon tonus, relayé par une sonorisation d'une clarté impressionnante. Son jeu de piano (il a notamment servi d'éloquents solos durant Madman Across the Water) était irréprochable et il tenait la forme au plan vocal (presque rien à lui reprocher à ce titre).

Fidèle au programme qu'il trimballe un peu partout dans le monde depuis quelques mois, le chanteur a fait la part belle à ses grandes chansons de la première moitié des années 70. Plus d'une demi douzaine de titres sur 19 étaient d'ailleurs tirés de ses albums Madman Across the Water (1971) et Goodbye Yellow Brick Road (1973).

Elton John a lancé la soirée de manière énergique avec Saturday Night's Allright (For Fighting). Durant les deux heures suivantes, il a notamment interprété Levon, Tiny Dancer, Goodbye Yellow Brick Road, I Guess That's Why They Call it the Blues, Rocket Man, Don't Let the Sun Go Down On Me et Sorry Seems to Be the Hardest Word (avec quelques accrochages avec son choriste au refrain).

Tout ça avait un parfum de nostalgie, bien entendu. Mais livrée avec un tel aplomb, avec ce qu'il faut d'élégance et de générosité, la nostalgie n'est pas qu'un plaisir coupable. Elle peut aussi offrir de bons moments de musique. Au beau milieu de Bennie & The Jets, alors qu'il frappait ardemment sur les dents de son piano, Elton John, lui, était clairement dans le moment présent. Ses fans aussi.

En fin de concert, dérogeant un peu au programme établi, le chanteur a ajouté Daniel, qu'il a interprété seul au piano. Un moment d'une étonnante intimité pour un site aussi vaste. Puis, en guise d'adieu, il a livré sa plus célèbre power ballade, Your Song. Un point d'orgue élégant et concis à une prestation remarquable.

À voir au Festival d'été:

Dimanche: The Black Keys sur les plaines d'Abraham. Florence K et Habana Café au parc de la Francophonie.

Lundi : Simple Plan sur les plaines d'Abraham. Douze hommes rapaillés au parc de la Francophonie.

Mardi : Yelle et Marie Mai sur les plaines d'Abraham. Martha Wainwright et Marianne Faithfull au parc de la Francophonies. Gaétan Roussel à l'Impérial.

Archives AP

Le chanteur de The Black Keys, Dan Auerbach.