On souligne l'indéniable talent de Somi Kakoma depuis son premier passage au FIJM, soit en 2009. On le fera une autre fois!

Douce ascension pour cette chanteuse trentenaire, fille d'immigrants rwandais et ougandais, élevée aux États-Unis, résidante de Harlem dont elle s'applique à décrire et à ressentir la vie dans le secteur Petite Afrique, dans l'ex-ghetto afro-américain. Y vivent des immigrants du continent noir, non sans heurts - embourgeoisement, décalage culturel avec la communauté afro-américaine, etc. Tel est l'objet et le titre de son sixième album studio.

Les chansons récentes de Somi constituaient la matière principale de son spectacle donné hier au Club Soda. Parolière engagée, féministe assumée, l'artiste se préoccupe et s'inquiète du sort des immigrants noirs aux États-Unis, mais aussi du sort général de ses frères et soeurs du continent noir, de la condition des femmes de couleur ou de sa propre identité au sein de la société américaine - ce qui la mène à adapter une chanson célèbre de Sting (I'm a legal alien/I'm an African in New York...), ou encore reprendre à sa manière Four Women de Nina Simone, qu'elle admire au plus haut point.

Chanteuse de puissance, parfaitement apte à caler ses vocalises dans les progressions harmoniques que suggèrent ses chansons, Somi s'avère encore plus jazz sur scène que ne le suggèrent ses enregistrements. Entre elle et son quartette incluant guitare, contrebasse, batterie, guitare électrique et claviers de bon niveau, l'interaction est dynamique. Même les évocations de Fela Kuti, remarquables en fin de concert, prennent une tendance plus jazz qu'afrobeat.

Certains la comparent à Nina Simone pour l'angle de son propos. Musicalement, elle s'inscrit plutôt dans le sillon d'une Dianne Reeves de par ses qualités vocales, sa propension à l'improvisation ou le timbre de sa voix. Le conformisme relatif de ses choix musicaux, jazz mâtiné de soul et de mélodies africaines, peut être aussi perçu comme un gage de qualité et de pérennité. C'est selon...