John Coltrane et Elvin Jones, le saxophoniste Binker Golding et le batteur Moses Boyd ont assurément beaucoup écouté. Tous les jazzologues s'entendent pour attribuer l'impulsion rythmique d'Elvin Jones aux plus mémorables paroxysmes de Coltrane. Binker et Moses l'ont noté.

On imagine qu'ils ont aussi absorbé la relation que Sonny Rollins pouvait avoir avec Max Roach ou d'autres partenaires éminents. Manifestement, ils ont étudié cette relation intime entre grands batteurs et grands ténormen, pour ainsi relancer la conversation entre les deux instruments devant public.

Ces jeunes Anglais n'ont pas réinventé la roue, mais ils la font tourner à souhait pour tous les nouveaux venus dans le jazz acoustique, celles et ceux qui ont par exemple découvert Kamasi Washington sans réaliser que ce dernier jouait essentiellement du jazz black des années 60.

C'est d'ailleurs ce qu'on avait pu constater à l'écoute des enregistrements Dem Ones (EP) et Journey to the Mountain of Forever (album) sous étiquette Gearbox. Hier soir au Club Soda, ces musiciens étaient à la hauteur de ce qu'ils avaient accompli en studio. Tous les éléments techniques de chaque instrument étaient connus, on en convient, mais l'expertise ici observée était tangible.

Voilà donc la première étape de l'appropriation d'un langage, dont le seul trait d'originalité est de l'exprimer en tandem. Pour l'instant, du moins. Il faut maintenant transcender tout ça, à défaut de quoi on se lassera vite de la formule.