Trompettiste, bugliste, leader, compositrice, jazzwoman férue de culture latino-américaine, Rachel Therrien présentait vendredi à L'Astral la matière d'un album enregistré à Bogotá en 2014. Pensamiento : Proyecto Colombia s'inspire des rythmes afro-colombiens de la côte Pacifique et aussi de métissages latin-jazz de là-bas, sans compter un soupçon de hip-hop bien senti.

Économie du jazz oblige, il était impossible de faire venir à Montréal les excellents musiciens ayant participé aux séances d'enregistrement de ce superbe opus. Lancé l'an dernier, l'album est une réussite pour son mélange de modernité et de racines, de même que pour la participation de ces remarquables musiciens recrutés à Bogotá.

La version montréalaise serait-elle alors moins authentique ?

Le projet devait trouver une autre incarnation, soit un ensemble de 10 musiciens rompus à l'afro-jazz colombiano : Charles Trudel, claviers ; Sébastien Pellerin, basse et contrebasse ; Kiko Osorio, percussions ; Joannie Labelle, percussions ; Clarence Corbeil, percussions ; Alain Bourgeois, batterie ; André Leroux, saxophones (ténor et soprano) ; Ivan Garzon, guitare ; La Wey Segura, marimba de chonta (le seul invité de Colombie) ; Rachel Therrien, trompette, bugle et direction - sans compter les danseuses traditionnelles Andrea Nino et Yesenia Fuentes.

Chose certaine, Rachel Therrien a tout fait pour éviter l'écueil de l'édulcoration ; elle a pris soin d'intégrer une réelle expertise latine à son ensemble, soit des percussionnistes capables d'exécuter plus que correctement ces rythmes afro-colombiens afin que la facture d'ensemble soit à la hauteur. Musiciens de souche et collègues latino-montréalais ont ainsi entrelardé leurs savoirs respectifs et fait état de leur propre vision du projet lancé par la leader.

Comme elle l'a fait observer vendredi, les rythmes afro-colombiens du Pacifique sont les cousins germains des afro-cubains et gagnent à être connus. Malaxés dans un contexte jazzistique aussi relevé, ils dévoilent leur richesse et propulsent leurs interprètes hors de leur zone de confort. Pour le mieux, il va sans dire.