Comme chaque année, des jazzmen de légende rendent visite aux Montréalais à l'occasion du Festival de jazz. La Presse dresse le portrait de cinq d'entre eux à l'intention des non initiés.

Profil

Originaire de Philadelphie, Kenny Barron figure parmi les plus grands stylistes du piano jazz. Inspiré essentiellement du jazz moderne et non de ses prolongements free ou électriques, ce virtuose s'est appliqué à polir et perfectionner le legs des meilleurs pianistes de la génération qui l'a précédé, émaillant son jeu de couleurs brésiliennes et afro-antillaises. Sideman idéal, leader parfait pour les trios et quartettes, cet improvisateur et interprète est également devenu un professeur des plus respectés : après avoir enseigné pendant 25 ans à l'Université Rutgers (dans le New Jersey), il est aujourd'hui professeur à la prestigieuse Juilliard School de New York.

Grands groupes et collaborations

Après avoir travaillé au sein de formations locales à Philadelphie, il s'est retrouvé à New York au seuil de la vingtaine, embauché par des légendes du hardbop tels Roy Haynes, Lee Morgan, James Moody ou Dizzy Gillespie avec qui il a travaillé pendant plusieurs années. Il a ensuite été un régulier pour d'autres pointures : Freddie Hubbard, Stanley Turrentine, Milt Jackson, Buddy Rich, Sonny Stitt, Stan Getz et autres Yusef Lateef - ce dernier a été pour lui une source d'inspiration majeure concernant l'art d'improviser et la nécessité d'acquérir un niveau universitaire. Dans les années 80, il a été très actif au sein de l'excellente formation Sphere, inspirée par l'oeuvre de Thelonious Monk.

Un grand album

Green Chimneys 

Criss Cross Jazz, 1983

Si on veut prendre la pleine mesure de l'attaque, de la touche et de l'articulation de Kenny Barron, cet album enregistré au début des années 80 nous révèle les fondements de sa personnalité pianistique. Il est ici à l'oeuvre avec deux précieux collègues du groupe Sphere, soit le batteur Ben Riley et le contrebassiste Buster Williams. Le jeu de ce dernier est rond, puissant, imperturbable, alors que celui du batteur constitue un accompagnement parfait pour un trio fondé sur le swing mélodique, la profondeur harmonique et la relecture élégante de standards jazzistiques tels Skylark, Softly As In a Morning Sunrise ou encore Straight No Chaser.

Son influence

Originaire du Manitoba, le pianiste canadien Earl MacDonald a perfectionné son jeu aux côtés de Kenny Barron après avoir transité par l'Université McGill. Originaire du Texas, la pianiste Helen Sung a aussi étudié avec lui avant d'entreprendre une vraie trajectoire de jazzwoman. Sideman très prisé aux États-Unis, le pianiste Harry Pickens a travaillé avec Barron après avoir quitté sa Géorgie natale. Idem pour le plus connu et le plus jeune de cet aréopage : une fois transplanté de Seattle à New York, le pianiste Aaron Parks a parfait sa formation avec Barron pour ensuite mener une brillante carrière. Qui plus est, le septuagénaire fut le mentor de jazzmen importants, on pense à David Sánchez et Terence Blanchard.

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Kenny Barron

Pianiste américain, 73 ans

Au Gesù dimanche soir (avec Lionel Loueke), lundi (Elena Pinderhughes) et mardi (en trio), 18 h