B.B. King a déçu plusieurs admirateurs montréalais, samedi soir. Le directeur artistique du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), André Ménard, s'est dit tout aussi insatisfait et attristé de la prestation de l'artiste. «Il s'agissait d'une performance déclinante de la part de B.B. King qui, semble-t-il, ne se remettra pas à jouer de façon convenable, on l'a vu en même temps que tout le monde», déplore-t-il.

Sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier, l'icône du blues a semblé confuse, oubliant les paroles d'une chanson, puis parlant davantage que jouant de la guitare. «Ce n'était même plus une question de savoir s'il joue et chante correctement. C'était un monsieur perdu laissé à lui-même», s'est désolé le journaliste de La Presse, Alain de Repentigny, qui a assisté à la représentation.

M. Ménard a assuré que c'était la première fois qu'un spectacle tournait aussi mal au FIJM, qui a pourtant déjà vu passer plusieurs artistes ayant largement passé le cap des 80 ans.

Tollé en ligne

Samedi soir, plusieurs spectateurs ont quitté la salle avant la fin de la représentation qui a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Un lecteur a confié à La Presse avoir payé 600$ pour assister au spectacle et estime que le Festival devrait rembourser les spectateurs floués. «Ce n'est jamais agréable pour quelqu'un qui a payé de voir quelque chose comme ça. Il y a un contrat de confiance avec le public qui a été mis à l'épreuve», admet André Ménard, qui maintient toutefois que le Festival ne fera aucun remboursement.

B.B. King, qui aura 89 ans en septembre, semblait serein après le spectacle, a mentionné le directeur artistique. «Quand je lui ai parlé après le show, la conversation était belle, elle était normale. Il parlait des belles années, des shows qu'il a souvent faits à Montréal. J'étais peiné de voir tout ça aboutir à ça.» Le FIJM a profité de cette soirée pour remettre à King un nouveau prix portant son nom, qui honorera les artistes de blues. André Ménard dit ne pas regretter la création de ce prix, soulignant le parcours phénoménal du musicien américain.

Ce spectacle lançait une nouvelle tournée de l'artiste qui, malgré son âge avancé, a près d'une vingtaine de représentations à l'horaire d'ici novembre. La Presse a tenté de joindre son entourage, mais son agence n'avait pas rappelé, hier. Celui que l'on surnomme le «king du blues» n'en était pas à sa première prestation gênante. En avril dernier, il a été hué par une foule de St. Louis, au Missouri. Il s'est ensuite excusé à ses fans, prétextant avoir omis de prendre sa dose de médicaments contre le diabète. «On n'avait pas de raisons de douter puisqu'on nous avait donné l'assurance que B.B. King faisait un spectacle à la hauteur de sa réputation. On nous avait dit qu'il était capable», assure André Ménard.

De passage à Montréal en mai 2012, B.B. King avait donné une performance tout aussi décevante, ce qui avait fait dire au journaliste Daniel Lemay de La Presse que le musicien était «arrivé à l'heure du dernier show». «Rien qui presse, comme dirait l'autre, mais il est à souhaiter que quelqu'un de son entourage convainque le roi du blues de se retirer en son palais pour une retraite bien méritée.»