Il y avait quelque chose d'un peu surréaliste dans la présence des quatre jeunes von Trapp au premier de deux spectacles de Pink Martini à la salle Wilfrid-Pelletier, hier après-midi.

On croit comprendre pourquoi ces petits-enfants de Werner von Trapp, l'un des sept membres de la famille immortalisée par La mélodie du bonheur, reprennent une chanson du folklore bavarois (Die Dorfmusik), mais on découvre que c'est Thomas Lauderdale, le leader de Pink Martini, qui la leur a fait connaître. Et même si on a écouté l'album Dream a Little Dream, ça fait quand même drôle de les voir chanter et danser un tango italien traduit en japonais, puis, en rappel, Fernando d'Abba dans sa version suédoise sur un rythme brésilien, prélude à Brazil, qui fera se lever tous les spectateurs, du parterre au dernier balcon. Sans doute impressionné, le percussionniste Timothy Nishimoto prendra en photo ce public en liesse.

Thomas Lauderdale est en quelque sorte le mentor de ces quatre jeunes adultes bien mis et tout sourire qui ont grandi à l'abri de la musique pop. Les voilà désormais plongés dans l'univers rococo-kitsch-latin orchestral tout à fait assumé de Pink Martini et ils ont l'air de s'amuser ferme.

Sofia, Melanie, Amanda et August n'ont évidemment pas le bagout de la chanteuse China Forbes, dont le charme ne se dément pas. Pourtant, sans eux, ce retour de Pink Martini aurait été sympathique, comme le dit la chanson, mais un peu prévisible, malgré quelques chansons nouvelles pour qui a vu leurs spectacles précédents: les mêmes boniments, les mêmes blagues et, bien sûr, une poignée de spectateurs un peu plus dégourdis qui acceptent d'aller danser sur scène pendant l'instrumentale The Flying Squirrel, le moment le plus jazzé du spectacle.