Sans record à célébrer, le 34e Festival international de jazz de Montréal (FIJM) n'en aura pas moins, selon son président Alain Simard, «redonné à Montréal ses couleurs et sa joie de vivre».

«Après les nuages noirs, grâce au Festival, la ville fait parler d'elle pour ce qu'elle a de plus beau: son sens de la fête, sa chaleur humaine, sa curiosité culturelle et son ouverture aux autres», a lancé Simard au cours de la conférence de presse-bilan du grand événement qui s'est terminé dimanche sous la pluie.

Conscients que, vu la catastrophe de Lac-Mégantic, leur bilan ne constituait pas l'événement du jour, hier, les responsables du Festival ont livré leur message souriant sur le ton sobre que commandent les circonstances.

Pas de record de billetterie, donc, ni de ventes de bière - la température incertaine n'a pas aidé -, mais le FIJM a quand même bouclé son budget de l'ordre de 28 millions de dollars, financé à hauteur de 16% par les trois ordres de gouvernement. «Le Festival apporte annuellement quelque 64 millions au produit intérieur brut», a souligné Simard, en saluant par ailleurs l'engagement jusqu'en 2019 du groupe bancaire TD comme commanditaire principal du Festival.

Côté musique, quelques prestations semblent avoir fait l'unanimité chez les programmateurs - le Français Woodkid (Yoann Lemoine), notamment, avec sa pop théâtralisée dont André Ménard a dit que c'était l'un des meilleurs spectacles qu'il a vus au Métropolis dans sa carrière de producteur; Woodkid y revient le 17 octobre. Ailleurs dans le haut des listes de Ménard, Laurent Saulnier et Caroline Johnson: Lyle Lovett et Chris Isaak, le trio Phronesis et le Scottish National Jazz Orchestra, qui a joué dehors.

Parmi les noms que l'on risque de revoir bientôt: Trombone Shorty, un pari solide pour un des nombreux «grands événements» que ne manquera pas de programmer le Festival de jazz pour ses 35 ans. Aussi le pianiste écossais Gwilym Simcock et la chanteuse américaine Morgan James, une bombe qui a attiré des milliers de spectateurs devant la scène Alcan... juste pour son test de son.

Parmi les Québécois, les performances de Champion avec I Musici, des frères Barr sur la grande scène et avec Muse Hill à L'Astral, et des nouveaux venus Jérôme Beaulieu et Alexandra Streliski ont retenu l'attention des décideurs. Autre bonne idée à reprendre: le marathon de blues magistralement mené par Jean Millaire le premier samedi au Metropolis pour les 100 ans de Muddy Waters.

Mentionnons finalement que le Festival de jazz envisage de se lancer à son tour dans les «prix élastiques», approche adoptée depuis quelques années par les plus gros producteurs de spectacles, dont les Rolling Stones. Très simple: la demande pour tel spectacle, d'abord annoncé à 80$, est faible? On baisse le prix à 65$ ou 70$. On s'arrache d'emblée les billets pour telle star? Le prix peut augmenter d'autant... C'est le jeu immuable de l'offre et de la demande, la base même de l'économie capitaliste, auquel se plient aussi les scalpers qui soldent leurs invendus... une fois le spectacle commencé.

Le 35e Festival international de jazz de Montréal se déroulera du 27 juin au 6 juillet 2014. Sans Johanne Bougie, qui tire sa révérence comme programmatrice, a-t-on appris hier.