Le Parisien Laurent de Wilde, jeune quinquagénaire ayant beurré quelques tranches de vie aux États-Unis, est un pianiste polyvalent: jazz acoustique, électrique, électronique. Sa dernière escale québécoise remonte à il y a deux ans aux côtés de Diane Tell façon Boris Vian, le voilà de retour à la barre de son propre trio acoustique.

L'album Over the Clouds a été lancé en 2012. Pouvez-vous nous parler de cette matière créée pour trio acoustique?

C'est un album old school: piano, contrebasse, batterie. Old school, dans le cas qui nous occupe, signifie un travail dans les sonorités, un travail sur la pulsation, sur le groove, sur la façon dont la musique peut se développer à travers le groove, sur la façon dont elle peut s'inspirer du jazz, de l'Afrique. Le batteur Clarence Penn et le contrebassiste Ira Coleman, qui ont enregistré la majeure partie de l'album, sont chacun en tournée; je viens donc au Québec avec ma rythmique française: Jérôme Regard à la contrebasse et Laurent Robin à la batterie. Ils sont vraiment excellents, c'est un régal que de jouer avec eux.

Selon vous, quelles sont les principales caractéristiques de votre identité musicale?

Je suis mal placé pour le dire, mais... plus j'avance dans la vie, plus ça devient volumineux. On se découvre par la négative, en fait. On sait ce qu'on est en sachant ce qu'on ne veut pas. Je ne veux pas d'une musique qui ne dise pas quelque chose. Je ne veux pas d'une musique mal fagotée, qui repose exclusivement sur l'inspiration du moment et les musiciens qui la jouent. Voilà des bornes négatives parmi d'autres. Pour moi, la musique est une sorte d'agglomération de ce qui s'invente maintenant jusqu'à ce qui a été joué il y a 100 ans. J'aime la diversité, en tout cas!

Et quelle est votre diversité?

Je ne me concentre pas sur une exploration particulière. Rien ne m'excite plus que de jouer un soir avec Dee Dee Bridgewater et un orchestre symphonique de Marseille, puis aller faire de la musique électronique avec Otisto 23 et Nico Ticot pour ensuite m'envoler vers Montréal avec mon trio acoustique. Cette activité diversifiée est pour moi une garantie de conserver une fraîcheur... que je n'aurais peut-être pas si je faisais toujours la même chose. Côté jazz électro, nous travaillons la matière sonore du piano; elle est traitée en temps réel par Otisto 23, virtuose de l'ordi qui fait en sorte que la moindre note peut partir dans les étoiles. Quant aux images de Nico Ticot, elles sont projetées sur une bulle en tulle et sur un écran. Côté jazz acoustique, il y a une constante dans ma musique: il faut que ça groove! Et je ne tiens pas à la formule grand soliste et ses accompagnateurs, je préfère trouver la manière de faire décoller le trio dans un sens ou dans un autre. Programmer mon autodécollage n'est pas une notion qui m'excite considérablement.

Le trio de Laurent de Wilde se produit samedi, 21h, à L'Astral