Le deuxième volet de la prestigieuse série Invitation est dédié au pianiste, compositeur et improvisateur Vijay Iyer. Après avoir fait de brillantes études en sciences tout en alimentant sa passion pour la musique, cet Américain d'origine tamoule a choisi définitivement la voie des sons. Il eut tôt fait de s'imposer dans la Grosse Pomme et sur l'entière planète jazz. Et pour cause: créateur visionnaire, il est à la fois capable d'intégrer à sa musique sa culture d'origine et de produire un jazz contemporain dégagé de son patrimoine culturel.

Sans conteste,Vijay Iyer est l'un des jazzmen les plus intéressants de la période actuelle, d'où ces trois soirs d'affilée au Gesù. Ce qui justifie également cette interview: joint en tournée, il est invité à commenter chaque soirée au programme du FIJM. Voix calme et posée au bout du fil...

Trio

Ce soir, en trio avec le batteur Justin Brown et le contrebassiste Stephan Crump:

«Marcus Gilmore, qui a longtemps fait partie du trio, notamment pour l'enregistrement de l'album Accelerando (2012, étiquette Act), est très sollicité et ne tourne pas avec moi cet été. Cela dit, je n'ai pas à me plaindre du recrutement de Justin Brown, avec qui j'ai joué à plusieurs reprises. Justin se joindra donc à Stephan Crump, et cela est bien. J'aime que de nouvelles associations de musiciens fassent prendre à ma musique d'autres directions.

«Au programme, donc, il y aura la musique d'Accelerando, mais aussi de la matière encore plus neuve. Nous essayons d'évoluer et de maintenir la fraîcheur de la proposition. Nous avons beaucoup de plaisir à le faire, d'ailleurs, d'autant plus que nous sentons obtenir l'approbation du public en lui soumettant de la matière inédite - l'été dernier, le Modern Art Museum de New York m'avait commandé des musiques pour trio, et j'ai aussi composé des musiques pour sextette et big band que j'adapte pour le trio. Du coup, nous avons eu le sentiment de repousser nos propres limites. Nous disposons d'un bon répertoire, chaque soir est différent. Nous formons une section rythmique, il suffit de lui procurer du carburant!»

Duo

Vendredi, duo de pianistes avec Craig Taborn:

À l'instar de Vijay Iyer, le pianiste américain Craig Taborn révèle une approche des plus singulières, ayant construit son propre langage sans avoir compté sur une éducation classique du jazz. Ces deux pianistes ont beaucoup d'affinités; la présentation d'un tandem tombe sous le sens. Ce que confirme notre interviewé: «Craig et moi nous connaissons depuis longtemps - nous avons tous deux travaillé au sein du groupe de Roscoe Mitchell notamment. Ces dernières années, nous avons donné maintes fois des concerts en duo. Le concept est donc au point, nous souhaitons l'enregistrer dès que possible. Craig et moi, en fait, pensons comme des compositeurs. Notre approche pianistique est plus succincte que d'autres car les choix que nous faisons au clavier sont d'abord compositionnels. Ces choix servent la musique avant le pianiste, c'est-à-dire dans un sens plus vaste. C'est d'ailleurs ce que je recherche de tous mes collaborateurs.»

Solo

Samedi, en solo:

«La meilleure chose que je puisse offrir dans ce contexte, c'est de rester le plus disponible au moment présent, et mettre ma vulnérabilité à découvert. Cela peut aller dans plusieurs directions, remarquez. Cette musique n'est pas strictement centrée sur la pièce qui en est le point de départ, l'improvisation qui s'en suit est aussi tributaire de la relation établie avec le public.»

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Ce soir, vendredi et samedi, à 18h, au Gesù.