Dee Dee Bridgewater avait déjà rendu hommage à Horace Silver et à la grande Ella avant ce coup de chapeau à l'immense Billie Holiday, qu'elle a fait sur disque avant de le transposer sur la scène du Théâtre Maisonneuve hier.

Avec cette chanteuse américaine francophile, il ne fallait surtout pas s'attendre à une cérémonie religieuse à la mémoire de Lady Day, ni à une plate imitation, même si Mme Bridgewater nous a prouvé qu'elle peut l'imiter à la perfection avant de se lancer dans Fine and Mellow.

Ce blues cochon, elle nous l'a fait canaille au max, comme la précédente Mother's Son-in-Law, un duo torride scat-contrebasse qui lui a valu des applaudissements nourris.

Dee Dee Bridgewater est une entertainer dans le sens le plus noble du terme, une chanteuse de grand talent doublée d'une comédienne et d'une pro qui sait brûler les planches.

Elle n'est pas passée inaperçue dans sa robe moulante lamée or et ses souliers-échasses de la même couleur. Plus on vieillit, plus on rapetisse, plus il faut lutter contre la loi de la gravité, a-t-elle expliqué. Quant à ses faux cils longs d'un kilomètre, ils contrastent avec son crâne rasé.

Ne vous y trompez pas, Dee Dee Bridgewater et ses quatre complices ont donné un spectacle très musical hier soir. Ce qui n'interdit pas de s'amuser, surtout si ça contribue un tant soit peu à rompre avec l'image tragique de l'immortelle Billie.

Le public du Théâtre Maisonneuve l'a très bien compris. Et il a apprécié.