Pour qui souhaite une sortie musicale dans un lieu décontracté permettant aussi d'autres activités, la Fête de la musique de Tremblant vaut certainement le détour. Malgré des prédictions météo pessimistes, de nombreux visiteurs ont déambulé sur le site du festival, hier. Ils ont eu droit à plusieurs concerts de qualité, à peine perturbés par quelques fines averses de très courte durée pour la majeure partie de la journée.

Les concerts, d'environ 50 minutes, alternaient entre deux scènes situées à deux minutes à pied l'une de l'autre. On s'est amusé à s'y rendre en empruntant les gondoles qui survolent le village touristique, ses hôtels et ses parcours de mini-golf. Angèle Dubeau, fondatrice et directrice artistique du festival, agissait comme maître de cérémonie sur les deux sites. Elle nous a appris que les principaux commanditaires de l'événement ont renouvelé leur appui à son festival pour les cinq années à venir.

En ouverture de la journée, Mari Kodama et sa fille Karin Kei Nagano proposaient un récital de piano à quatre mains consacré aux compositeurs français. Elles ont commencé avec la suite Dolly, de Gabriel Fauré, une oeuvre légère et accessible, bien choisie pour un événement grand public. Entre 300 et 500 personnes étaient réunies pour les écouter sur la place et aux terrasses des restaurants qui entourent le site, sans compter les nombreux passants qui ne se sont arrêtés qu'un bref instant avant de poursuivre leur promenade.

Le résultat de ce duo mère-fille est assez intéressant pour que l'on souhaite l'entendre un jour dans des oeuvres plus substantielles. Pourquoi pas la Fantaisie en fa mineur de Schubert ? Karin Kei Nagano, 15 ans et fille de Kent Nagano, a interprété ensuite Pour le piano, de Claude Debussy. Très solide tant sur le plan musical que technique, elle démontre une compréhension raffinée de l'architecture des oeuvres qu'elle joue ainsi qu'une maîtrise des textures sonores typiques de Debussy qui nous laissent optimistes quant à son développement de pianiste.

Coup de coeur

Après ce premier récital, une partie de la foule s'est dirigée vers le second site, bien plus intime. On fera une belle découverte sur cette scène minuscule située au bas d'une pente en paliers où les spectateurs s'assoient sur de larges pierres plates.

Cette découverte, c'est Artiq Session. Jean-Michel Marois, violoniste, et Rachel Baillargeon, violoncelliste, couple de musiciens de formation classique de la région de Québec, ont créé récemment ce duo de musique traditionnelle et présentent leurs propres compositions d'inspiration celtique. On ne se lasse pas de les écouter. Leurs pièces sont bien écrites et engagent un vrai dialogue entre les deux instruments. Elles donnent le goût de taper du pied ou de vagabonder en rêve sur les côtes d'Irlande. Le duo conjugue son savoir-faire instrumental à la spontanéité que permet ce genre musical.

C'est d'ailleurs un aspect essentiel de la Fête de la musique : la possibilité de découvrir des artistes encore peu connus du grand public. Il est aussi agréable de voir plusieurs styles se côtoyer. Le reste de l'après-midi nous a permis d'entendre le quintette à vents Pentaèdre et le groupe de musique cubaine Habana Café, en passant par la marimbiste Anne-Julie Caron et la danseuse de flamenco Delphine Mantha.

Un concert en soirée a clos notre périple musical, sous quelques gouttes de pluie : celui d'Angèle Dubeau et de ses amis, soit la Pietà, Alain Lefèvre et le contreténor Daniel Taylor, entre autres. Ils nous ont fait voyager à travers les époques, du baroque à la musique de film. On aura même droit à une première : une nouvelle oeuvre du compositeur italien Ludovico Einaudi.

Réussi grâce à la qualité de ses interprètes et la diversité du répertoire offert, ce concert aura sans doute été, pour les spectateurs présents, un réconfort en cette fin de vacances et d'été bien trop court. Mention spéciale pour la très bonne sonorisation, sans contredit la meilleure de tous les concerts extérieurs gratuits que nous avons entendus cette année.