L'ambitieux 18e Festival du monde arabe (FMA) démarre demain et se poursuivra jusqu'au 12 novembre avec son Salon de la culture, ses expositions, son cinéma et, surtout, ses arts de la scène. Voici huit destinations essentielles afin de se plonger dans les musiques moyen-orientales, maghrébines, persanes, nubiennes ou encore métissées dans les capitales de l'Occident.

TUNISIE

Bargou 08

Au National, demain, à 20 h

Depuis quelques années, le groupe mené par le chanteur Nidhal Yahyaoui connaît une ascension probante en Tunisie. Son nom est celui d'un village solitaire encastré dans les montagnes, dans le nord-ouest du pays ; le Bargou serait un haut lieu de patrimoine fragilisé par la mondialisation culturelle. Dans cette optique, Bargou 08 s'applique à reprendre les textes, mélodies et rythmes ancestraux, qui représentent plus de 300 ans d'histoire, et à les plonger dans un flux de musiques électroniques qui n'en dénaturent aucunement les origines.

MAROC

Nabyla Maan

Au National, le 29 octobre, à 20 h

La chanteuse Nabyla Maan est une artiste originaire de Fès, au Maroc. On la dit tributaire du patrimoine arabo-andalou et des poèmes muwashahat, mais elle s'intéresse aussi au métissage jazzistique de ses passions patrimoniales. Ainsi, sa musique se présente comme la fusion réussie de jazz acoustique moderne et d'un vaste pan de la culture marocaine qui l'habite. À travers une approche moderniste, elle investit notamment le malhoune, forme de poésie populaire marocaine, mais aussi le tarab andalou et le gharnati, répertoire de musique arabo-andalouse. Elle a lancé cinq albums depuis 2005, dont le tout récent Dalalû Al-Andalûs.

SOUDAN

Soudan Blues - Rasha

À la Cinquième Salle de la Place des Arts, le 1er novembre, à 20 h

Exilée en Espagne depuis la fin des années 90, la Soudanaise Rasha Sheikh Eldine chante et actualise les traditions millénaires du nord-est du continent africain. On connaît surtout les musiques éthiopiennes et trop peu les autres musiques ayant pris forme là où coule le Nil, en amont de l'Égypte. Le désert du Soudan, d'ailleurs, est un autre territoire où le blues a été engendré, bien avant d'être transplanté dans les Amériques ; Rasha témoigne ainsi de ses variantes propres aux autres régions subsahariennes. Traversé par les cultures noires et nord-africaines, le Sahel dans son ensemble est un puits d'inspiration sans fond pour Rasha, dont l'exil espagnol l'a plongée dans le flamenco et les musiques arabo-andalouses. Elle métisse admirablement cette collection d'influences avec les percussions africaines ou orientales (qu'elle pratique elle-même), aussi avec les claviers, cordes, anches ou cuivres, orchestrations typiques de l'Afrique de l'Est.

SYRIE

L'âme du luth - Waed Bouhassoun

À la Cinquième Salle de la Place des Arts, le 2 novembre, à 20 h

Waed Bouhassoun est une oudiste de haut niveau. De surcroît chanteuse suave et compositrice inspirée, elle maîtrise parfaitement les modulations du chant classique arabe. Ses musiques originales puisent dans toute l'histoire du monde arabe, y compris le soufisme et même les périodes préislamiques. Elle a d'abord été une artiste reconnue à Alep, capitale culturelle de la Syrie affreusement ravagée par la guerre civile ces dernières années. Lorsque les violences ont été imminentes, la musicienne s'est installée en France. La voix de l'amour, son premier album, lui avait d'ailleurs valu le « Coup de coeur » de l'Académie Charles-Cros en 2010. On ne s'étonnera donc pas que le grand Jordi Savall l'ait recrutée pour certains concerts transculturels.

QUÉBEC, MAROC, MOYEN-ORIENT

Cordes à l'Est, OktoEcho et les Violons du Roy

À la Cinquième Salle de la PDA, le 3 novembre, à 20 h

Les Violons du Roy, la chanteuse canado-marocaine Leïla Gouchi, le flûtiste Rachid Zeroual et l'ensemble OktoEcho joignent leurs forces sous la direction de la Montréalaise Katia Makdissi-Warren. Cette dernière est à la barre d'OktoEcho, orchestre de chambre à géométrie variable spécialisé dans les métissages contemporains entre cultures classiques occidentales, moyen-orientales et maghrébines. Tributaire des chants arabes au féminin, d'Oum Koulthoum à Fairouz, Leïla Gouchi pourra fournir une belle diversité d'ornements vocaux typiquement nord-africains à ces musiques rassemblées, poèmes muwashahats et classiques de la chanson arabe, et ainsi survoler les cordes des Violons du Roy en route vers l'Est.

LIBAN

Charbel Rouhana et le Canadian Arabic Orchestra

Au Monument-National, le 5 novembre, à 20 h

Compositeur et interprète, le Libanais Charbel Rouhana est un maître oudiste. Depuis 1984, il parcourt le monde et il en sera à sa troisième participation au FMA, cette fois aux côtés de 14 instrumentistes et de 12 choristes du Canadian Arabic Orchestra, établi à Toronto. Ratissant les musiques classiques arabes, mais aussi les musiques populaires engagées, le soliste compte de nombreux albums où il déploie de nouvelles techniques de jeu pour son instrument de prédilection. Fait à noter, ce concert fera état d'un premier partenariat entre le FMA et le nouveau Festival of Arabic Music and Arts de Toronto.

SYRIE

Faia Younan

À la salle de concert Oscar-Peterson, le 9 novembre, à 20 h

Expatriée avec sa famille depuis les débuts des grandes tensions en Syrie, Faia Younan a vécu son adolescence en Suède et poursuivi ses études universitaires en Écosse avant de revenir s'installer au Moyen-Orient pour y mener une carrière de chanteuse populaire. On a déjà raconté l'immense impact viral de sa chanson pacifiste réalisée avec sa soeur journaliste, À nos pays/Li biladi : plus de 4 millions de visionnements en quelques jours l'avaient propulsée dans la constellation des nouvelles stars arabes. Depuis lors, Faia Younan a migré vers Beyrouth et entrepris une carrière entre musique populaire actuelle et traditions parfaitement assumées. En pleine ascension dans sa région, la voilà pour la première fois sur une scène montréalaise.

LIBAN, MOYEN-ORIENT

Les 7 cités de l'amour

Au Théâtre Maisonneuve, le 12 novembre, à 20 h

Pour sa clôture, le FMA consacre un programme au grand écrivain et peintre libanais Khalil Gibran, un des premiers visionnaires ayant entrepris d'unifier le patrimoine oriental et la modernité occidentale. Sous la direction du père Khalil Rahmé, plus de 50 artistes monteront sur scène, dont la chorale la plus prestigieuse du monde arabe, la NDU Choir, ainsi que la soliste libanaise Fadia Tomb El-Hage. Au programme, on a prévu des chants et des mélodies « puisés dans un héritage oriental millénaire, enrichis de formes occidentales reconquises ».

Photo fournie par le Festival du monde arabe

Nabyla Maan

Photo fournie par le Festival du monde arabe

Rasha Sheikh Eldine